16h d’un bus
interminable jusqu’à Lima, où nous avons décidé de ne pas nous arrêter, puis 7
autres jusqu’à Huaraz. Ainsi commence notre périple dans l’incroyable nature
péruvienne. Nous sommes le 6 Mai et nous venons de quitter Cusco et la vallée sacrée
et nous ne le savons pas encore mais nos plans vont bientôt changer.
La ville de Huaraz elle
même n’a pas d’intérêt. Cependant, elle est le point de départ de toutes sortes
d’excursions vers les montagnes de la cordillère blanche. C’est, à en croire le
Lonely Planet, la plus belle partie des Andes. Pas peu dire. Si vous êtes
cinéphiles, vous remarquerez d’ailleurs que la montagne Huascaran (le toit du
Pérou) est reprise par Paramount pour en faire leur emblème.
Nous sommes là pour
marcher, encore (on aime se faire du mal). Après nous être rendus compte que
c’était presque le même prix d’y aller par nous même et de booker un tour, nous
partons, le 7 Mai, pour 3h de route jusqu’au parc national, au pied du
Huascaran. De là, nous nous lançons pour 5h d’une marche éprouvante, dans le
froid, avec pour objectif la Laguna 69 (comme à la maison !). Elle est
située à 4200m d’altitude et la progression est difficile. Néanmoins, nous
l’atteignons juste à temps pour pique niquer.
Le spectacle qui
s’offre à nous est époustouflant et nous fait oublier la douleur et le froid.
L’eau est d’un bleu profond et se trouve juste en dessous (200m à pic) d’un
glacier d’où se détachent d’énormes blocs de glace de temps à autre, rompant
dans un bruit assourdissant le silence de la montagne. La puissance de la
nature.
Le lendemain, après
seulement 2 jours pleins sur place et après avoir (très) longuement hésité sur notre parcours
(Pérou-Equateur-Colombie ou Pérou-Colombie par la jungle, plus compliqué), nous
optons pour la 2ème option. Pour cela, nous retournons à Lima dans
un petit bus. La route est merdique et tous les autres passagers passent le
trajet à vomir… Charmant ! Sans nous y arrêter nous prenons un bus de nuit
vers Pucallpa. Le chemin est réputé dangereux (attaques de bus) mais les
milices privées qui montent quêter dans le bus arme à la main nous
« rassurent » sur notre sécurité, et tout se passe bien. Enfin, pour
nous, puisque la moitié des passagers n’ont pas pu monter dans le bus, les
agences ayant vendu des tickets pour des sièges qui n’existent pas…
Nous arrivons à
Pucallpa en fin d’après midi le 10. Seulement 4h de retard, grâce à un passager
qui a bien voulu conduire le bus pendant 4h, le chauffeur se sentant
« fatigué » et son remplaçant interdit de conduire par les autorités,
pour d’obscures raisons.
L’essentiel est que
nous arrivons juste à temps pour prendre le bateau de 17 pour Iquitos, à 3
jours de navigation de là. L’avion ou le bateau, seuls moyens pour rejoindre
cette ville d’un demi million d’habitants, située aux confins du pays, en
Amazonie.
Notre premier jour
à bord est long et monotone, et pour cause ! Le bateau ne part pas. Nous
sommes coincés à bord pendant 24h (chanceux par rapport à d’autres qui sont là
depuis plus de 48h) et l’administration du port empêche le bateau de partir
pour des histoires de cargaison non réglementaire…
Le 11, au lieu du
10, à 15h, un cri de joie général s’élève dans le bateau : nous avons
bougé et nous nous mettons en route vers Iquitos. Nous sommes 5 touristes et
une cinquantaine de péruviens entassés dans des hamacs, dans une hygiène plus
que douteuse (l’eau de la douche, des robinets et des WC est marron : c’est
celle de l’Amazone). Mais c’est ça le voyage, c’est ça qu’on aime ! Petit
bémol tout de même concernant la gestion des déchets, puisque ceux-ci sont, à
intervalles réguliers, jetés dans le fleuve…
Bien que le Lonely
mette en garde concernant la sécurité à bord, nous nous rendons vite compte que
les autres passagers sont extrêmement charmants, aux petits soins, intéressés
et intéressants. Ces 4 jours de navigation resteront comme un grand moment dans
notre voyage, un vrai moment fort de simple partage et d’échange. Et ce en
dépit du fait que Rémi ne soit tombé malade le dernier jour (il n’y a pas de
porte qui protège l’intérieur du bateau du vent et de la pluie du dehors).
Quoi qu’il en soit,
merci encore Flo et Faustine pour ce morceau de voyage que nous n’aurions pas
fait sans vos conseils.
Pour nous remettre,
nous décidons de passer 1 jour à nous reposer à l’hôtel. Grand bien nous en
prend puisque, pas de bol, nous arrivons le jour des élections régionales et la
ville est sens dessus dessous, avec des affrontements un peu partout.
Le 16 Avril, nous
visitons la vieille ville coloniale et longeons sa promenade dominant le fleuve
jusqu’au quartier de Belen. Il est réputé un peu dangereux mais il abrite l’un
des marchés les plus exotiques du monde. On y trouve évidemment toutes sortes
d’insectes à déguster sur le pouce, de la tortue, du tapir, du singe, de
l’alligator, toutes sortes de plantes médicinales (dont la préparation le
l’Ayahuasca) et bien d’autres choses aussi étranges et non-identifées.
Pendant que nous
déambulons, nous faisons la connaissance de Miguellito, touriste péruvien qui
nous propose d’aller faire un plouf l’après midi dans un petit lac entouré par
la jungle.
4 collectivos plus
tard, nous atteignons l’entrée du pire zoo que nous ayons vu. Il abrite le lac.
Tous les animaux de la jungle sont là, enfermés dans de petites cages en béton…
Triste spectacle ! La baignade, en revanche est très sympa. Mais, sur le
retour, Anne se fait piquer par une fourmi. C’est ainsi qu’elle se découvre une
nouvelle allergie. Boursouflée, pleine de boutons, prise de nausées, nous nous
rendons chez le médecin qui, après nous avoir soulagé de quelques dizaines de
dollars, lui fait une injection en promettant que tout irait bien et qu’elle
n’a plus rien à craindre des fourmis.
Evidemment, les
médecins péruviens sont moins réputés que les shamans. Nous aurions dû nous
douter de quelque chose.
Toujours est-il que
le lendemain, tout va mieux et nous passons une bonne partie de la journée à
chercher une agence pour partir explorer le poumon de la Terre :
L’Amazonie.
La tête comme une
pastèque à force de passer d’agence en agence, nous optons, pas vraiment
convaincus, pour l’une d’elle qui nous emmènera pour 3 jours dans un lodge au
milieu de la jungle. Nous souhaitions plus d’aventure mais cela paraît
difficile dans la région à cause des narcos, des rivières qui sont partout et
de la densité de la forêt.
Le tour se passe
comme on s’y attendait. On ne fait pas grand chose. On voit quelques singes,
des paresseux, des tarentules et on pêche des piranha et poissons chats. Pas
mal mais loin de nos espérances et loin de combler notre soif d’aventure.
D’autant plus que le guide a l’air plus motivé pour rester à dormir au lodge
qu’à sortir se balader…
Pour couronner
cette expérience mitigée, Anne se fait à nouveau piquer par une fourmi.
Rebelote. Elle gonfle, vomit etc… Mais cette fois ci, pas question d’aller voir
le médecin qui est à plusieurs heures de pirogue sur l’Amazone. La nuit est longue
et tourmentée, presque autant que celle du quinqua qui teste les pouvoirs de
l’Ayahusca dans la pièce principale en compagnie du shaman du village voisin.
C’est dire !
C’est donc,
soulagée pour l’une, déçu pour l’autre, que nous rentrons à Iquitos le 20 mai
pour attraper le bateau du matin suivant (rapide cette fois-ci) qui nous mène
vers de nouveau cieux. Nous remontons l’Amazone encore un peu plus avant
jusqu’à Leticia, ville aux confins de trois pays : le Brésil et la
Colombie (qui partagent la ville) et le Pérou (qui est sur l’autre rive). Le
trajet ne dure que 10 heures mais coûte 3 fois plus cher que les 5 jours
jusqu’à Iquitos et niveau confort, on est loin des hamacs.
Cette ville est
vraiment rigolote, coupée en deux mais sans frontière (l’obtention du tampon ne
peut se faire qu’à l’aéroport, vous pouvez donc passer en toute
légale-illégalité dans chacun des pays). D’un côté on parle portugais, de l’autre
espagnol. Mais la barrière de la langue n’est rien ici. Personne ne se sent ni
Péruvien, ni Colombien, ni Brésilien, mais bien Amazonien.
Nous quittons finalement
rapidement l’un des hauts lieux de la présence des FARC et du trafic de cocaïne
en avion, seul moyen de s’extirper de cette forêt qui s’étend à perte de vue
depuis le hublot de l’appareil. Nous avons rendez vous avec la Colombie, et
Bogota pour commencer, en ce 23 mai.
Que d'aventures! Que de souvenirs! Douloureux pour les uns, pas pour tous, mais surtout inoubliables c'est sûr! Ces imprévus, ces contretemps, même ces piqures qui font mal (Anne ne sera peut-être pas d'accord!) font partie du voyage hors sentiers battus . Ce sont les meilleurs!! Ceux qu'on garde et qu'on aime raconter... et ceux qu'on aime entendre!
RépondreSupprimerBonne route à vous 2, Bruno
Tout compte fait, mieux vaut connaître vos aventures après coup ! (lol)
RépondreSupprimerTout n'est pas dit par mails ou skype et les frissons sont toujours là en vous lisant....
Le périple n'est pas fini et il se terminera bien, c'est sûr !
J'ai hâte de vous revoir et de vous entendre conter, raconter ce si beau voyage.
Mille bisous
Tintin et les Picaros? C'est un peu votre destin. ça me rappelle la fin de l' homme de Rio quand Belmondo dit : " quelle aventure"
RépondreSupprimerVous racontez vraiment très bien, bravo. Nous sommes émerveilles....
Les grands parents et Guy
Quand je vous lis, je voyage avec vous.Vous évoquez vos "épreuves" avec talent. J'entends vos compagnons de car sur la route de LIMA, je me sens mal à l'aise devant les miliciens, je m'inquiète avec vous des compétences d'un chauffeur de bus d'occasion. Une cohabitation heureuse en bateau vers IQUITOS mais refroidissement, piqûre d'insecte, repiqûre, une médecine approximative, Une petite angoisse à chaque fois sans doute. Que de choses à raconter lorsque vous serez de retour !!!.
RépondreSupprimerQuel régal de vous suivre. Bisous à tous les deux.
Bon anniversaire Remi!
RépondreSupprimerTes grands parents