vendredi 2 août 2013

La ruta Maya

Nous avons quitté le Nicaragua le 7 Juillet au matin pour nous rendre au Mexique.
Pour cela, il nous faut deux jours pleins de bus, avec une nuit à San Salvador. Le premier, nous traversons le Honduras sans rien en voir d’autre que les postes frontières. Nous ne voyons pas grand chose de San Salvador non plus, d’ailleurs. Si ce n’est que tous les magasins du quartier dans lequel nous nous trouvons sont gardés par des vigiles équipés d’armes de guerre. Un « intérêt », tout de même à cet arrêt : nous vivons notre premier tremblement de terre, ce qui ne semble pas perturber le personnel de l’hôtel, habitué aux secousses. 
 
Le deuxième jour de trajet, nous traversons le Guatemala jusqu’à la frontière mexicaine de Tapachula. Là, nous sommes témoins de la dure réalité. Une passagère du bus s’éclipse lors du contrôle pour traverser la frontière par la rivière, nous disant qu’elle remontera dans le bus une fois de l’autre côté. Nous lui souhaitons bonne chance mais ne la reverrons pas.
Plus tard dans la soirée, alors que nous avons attrapé l’ultime bus de nuit pour San Cristobal de Las Casas, nous sommes réveillés par la police qui vérifie les identités et les visas des passagers. Les deux étudiantes guatémaltèques assises derrière nous sont priées de descendre du bus. Elles non plus, nous ne les reverrons pas.
Nous sommes bien conscients que nous entrons dans un pays qui fait tout pour se rapprocher des USA et se démarquer des autres pays d’Amérique Centrale, en témoignent d’ailleurs l’obésité d’une énorme partie de la population, due à la profusion de fastfood venus des Etats Unis.
Bref, le 9 au matin, nous arrivons à San Cristobal. C’est une ville coloniale comme on en a déjà visité tant. Belle et colorée. Mais elle a une particularité. C’est cela qui nous a mené ici. Elle est la capitale du Chiapas et autour d’elle se trouvent plusieurs villages peuplés de descendants des fameux mayas et même un village zapatiste, dont la population, militante active, lutte pour les droits et la reconnaissance des cultures indigènes, entre autres.
Nous nous familiarisons avec la ville, errons dans ses rues, ses monuments et ses marchés artisanaux. Et nous faisons nos premiers pas dans la culture maya en nous rendant au (petit et excentré) musée de la médecine maya. C’est à la fois un musée et un lieu où les locaux se rendent pour être guéris de leurs maux par les très respectés shamans et leurs plantes mystérieuses qui poussent dans le petit jardin adjacent. Par chance, nous arrivons au milieu d’une cérémonie à laquelle nous assistons sans faire de bruit. Le shaman chante des prières en maya, agite des branchages autour d’une petite fille et lit dans un œuf de quelle maladie elle souffre.
Les croyances ancestrales ont depuis longtemps déjà été modifiées et les saints catholiques ont remplacés les dieux païens, sans pour autant changer le rôle de chacun. Cependant, si François voyait ça, aussi ouvert d’esprit soit-il (selon certains), il aurait probablement du mal à dormir pendant quelques temps !
Quel plaisir, en fin de journée, de déguster la cuisine mexicaine : guacamole et spécialités mayas !! Fini le riz et les haricots !!! Alléluia !
Le lendemain matin, nous nous rendons sur la place principale pour partir visiter deux villages alentours. Notre guide vient de l’un d’eux. Il nous les fait visiter en nous expliquant les différences avec le reste du pays. Et elles sont nombreuses ! La couleur des croix dans le cimetière en fonction de l’âge du défunt, les tenues traditionnelles portées par tous en toutes occasions, le système d’élection des leaders de la communauté (l’élection se déroule sur la place du village, à l’applaudimètre !)… Mais plus frappant encore, l’un des deux villages jouit d’une partielle autonomie vis à vis de l’état mexicain : l’heure n’est pas la même que dans le reste du pays, car « Dieu seul peut changer l’heure, pas un gouvernement », les peines de prison ne vont que jusqu’à un maximum de 3 jours (sauf cas particulièrement grave, qui entraine une lapidation en place publique…) pendant lesquels les détenus sont exposés à la population à travers les grilles des cellules qui donnent sur la rue ! Visiblement, le taux de criminalité y est beaucoup, beaucoup plus faible que dans le reste du pays ! Autre différence majeure, l’Eglise est ouverte 24h/24h et accueille des cérémonies pas très catholiques de sacrifice de poulet entre autres sur son sol jonché d’épines de pin sacrées et de bougies. Il y a une foule d’autres différences mais cela prendrait des pages et des pages de les décrire. L’essentiel est que vous aurez saisi que ces communautés mayas ont une culture qui leur est propre et qu’ils y tiennent !
Le tour s’achève d’ailleurs par un sermon très virulent de notre guide contre tous les missionnaires en tous genre (surtout américains, avouons le) qui, au nom de Jésus, de l’harmonie et de le paix, viennent et encouragent les gens à se détourner de leur culture, entrainant par la même la disparition de celle-ci. Comme dirait un célèbre humoriste : « la paix, ils feraient mieux de nous la foutre ». Un sermon assez universel d’ailleurs : la diversité fait la richesse, préservons les différences et respectons les.
Le 11 à 6h du matin, nous quittons San Cristobal pour nous rendre à Palenque, l’un des sites mayas les plus célèbres. Le plus simple (et le plus économique) pour pouvoir nous arrêter en chemin sur le bord des rivières et des cascades de la région étant de booker un tour, c’est ce que nous faisons. Le problème lorsque l’on voit autant de choses en voyageant, c’est que l’on devient difficile, et nous trouvons donc les cascades sympas mais pas autant que d’autres vues avant.
Pour Palenque, en revanche, et ce malgré la pluie battante en début de visite, l’émotion est bien là. Imaginez ce site vieux de mille ans, perdu dans la jungle d’où nous parviennent les cris des singes hurleurs. De plus, la pluie a duré juste assez longtemps pour faire fuir les autres touristes et faire monter dans les arbres des nuages de vapeur, qui ajoutent à la magie d’un lieu qui n’en manquait déjà pas.
Dans la foulée de notre visite, en compagnie d’Edgar, entraineur des jeunes footballeurs du dernier champion national, nous prenons un bus de nuit vers Campeche, petite et mignonne ville coloniale, située sur les rives du golf du Mexique.
Nous passons la journée du 12 à flâner en ville et nous abritons du terrible soleil du golfe dans l’enceinte du stade de baseball où nous assistons, à l’abri dans les gradins, à l’entraînement des jeunes pousses. En fin d’après midi, nous retrouvons Edgar autour d’un « Oro Rojo », une boisson nationale à laquelle il a absolument tenu à ce que nous goûtions (en plus de toutes les autres comme le Mescal, la Tequila, la Margarita…). Mais l’Oro Rojo ressort du lot. Ce Bloody Mary, au jus de tomate salé donc, sans Gin mais avec de la bière, est fantastique ! Nous dégustons ce breuvage à la terrasse couverte d’un bar chic du centre ville alors qu’un véritable déluge s’abat soudain sur la ville.
La journée nous a suffit pour visiter la ville et nous partons donc en fin de matinée le lendemain pour la ville de Mérida, à quelques heures de route de là.  A peine arrivés, Rémi s’empresse d’aller se reposer tandis que Anne profite d’un cours de cuisine mexicaine dans l’hôtel. Le résultat est très prometteur et elle réitèrera l’expérience une fois rentrée ! Evidemment, un cours de cuisine attire les francophones, exclusivement en fait. Heureux hasard, Anne s’aperçoit au cours d’une discussion que l’une d’eux (Ombeline) a travaillé l’année précédente avec l’un de ses amis d’enfance, à Hyères! Il faut le faire !
Ce 14 Juillet, jour de fête nationale chez vous, n’est qu’un dimanche comme un autre ici. Mais le dimanche n’est pas un jour comme un autre au Mexique. Oui, ils vont tous à la messe, mais surtout, à Mérida, ils ferment une bonne partie du centre à la circulation pour le réserver aux familles, cyclistes et piétons. L’avenue centrale, bordée d’immenses demeures de style français, se transforme en une grande suite de spectacles de rues et autres locations de vélos gratuite ! Nous avons droit à de la capoeira  mais surtout, l’un des « sport » les plus populaires du pays : un grand combat de catch opposant des super héros en collants!
Jusqu’à la plage, notre visite du Mexique sera faite de villes coloniales et de ruines mayas. Et c’est vers l’une d’elle que nous nous dirigeons avec Edgar le 15 : Uxmal ! Si ce nom parle moins aux néophytes que Palenque, c’est un tort ! La cité est beaucoup plus grande et le sentiment de liberté dans la visite est très agréable ! Nous nous plaisons même, à un moment, à nous prendre pour des archéologues à la recherche d’un trésor en nous enfonçant (modestement et dans le respect du site) plus en avant dans la jungle, vers des parties pas encore rénovées. Rémi est aux anges !
Anne aussi, car après avoir également adoré la visite, nous rentrons pile à temps pour qu’elle prenne un cours de salsa !
Le jour suivant, nous quittons la ville de Mérida pour nous rendre vers Valladolid, autre ville coloniale qui, malheureusement, ne nous plait pas autant (comme Mérida d’ailleurs) que Campeche et qui, paradoxalement, est elle aussi beaucoup plus touristique. Elle a tout de même l’intérêt non négligeable d’être un excellent camp de base pour visiter Chichen Itza et Ek’Balam (des sites de premier ordre, Chichen étant d’ailleurs l’une des 7 nouvelles merveilles du monde…). Mais ce n’est pas tout ! Nous sommes maintenant bien au Yucatan et c’est la région du monde qui compte, de loin le plus grand nombre de cenotes (plus de 75% !!!). Ce sont des formations souterraines ou non, due à l’ancienne présence de la mer qui s’apparentent à des bassins d’eau de pluie naturels dans lesquelles il est possible de se baigner, voire de plonger (les eaux turquoises atteignent fréquemment les 40m de profondeur !).
Avant de nous mettre en route pour ça, nous passons une soirée avec Chase et Nick, deux barbus américains (genre ZZtop) qui nous apprennent à jouer au Rami !
Pour commencer, après une grasse matinée (fait plutôt rare cette année, qui l’eut cru ?!), nous passons l’après midi du 17 à nager dans deux cénotes magnifiques situées à quelques kilomètres de la ville.
Le jour suivant, à l’aube en revanche, pour éviter l’afflux de groupes de touristes en provenance de la côte pour la journée, nous nous rendons à Chichen Itza, merveille du monde… Nous sommes les premiers à pénétrer dans le site ! Les gravures et les impressionnants édifices sont extraordinaires. Nous nous sentons une fois de plus privilégiés de contempler ces vestiges d’une civilisation maya antique. L’après midi, nous prenons la direction d’Ek’Balam, moins connu mais pas moins magique ! Moins connu, tout simplement parce que découvert seulement en 1994 ! Sans quoi, selon beaucoup, il serait une merveille à la place de Chichen.
Ayant vu ce qui nous intéressait dans la région, nous pouvons nous rendre sur la côte pour profiter du soleil et de la plage !
La transition se fait cependant en douceur puisque, après seulement une après midi de plage et de baignade dans les eaux transparentes des caraïbes,  nous nous rendons aux ruines de Tulum, qui surplombent majestueusement la mer. Deux petites heures de visite et retour à la plage jusqu’au soir.
Nous étant donné rendez vous avec Chase et Nick à Playa Del Carmen, à une heure de route de là, nous nous y rendons le 21 au matin. Ces derniers ayant loué une voiture pour la journée, nous en profitons pour aller visiter d’autres cénotes et des plages plus isolées. Après nous avoir enseigné le rami, ils nous apprennent, sans grand succès, avouons-le, à jouer au frisbee !
Le 22, nous leur disons au revoir et Anne, comme en Thaïlande quelques 6 mois plus tôt, laisse Rémi réaliser un nouveau pas vers la liberté aquatique en l’attendant 3 jours durant alors que celui-ci passe un nouveau niveau de plongée qui lui permet à présent de plonger dans tous types de lieux (épaves, forts courants, de nuit…) et jusqu’à 30m de fond. Au cours de ses 6 plongées, il a pu admirer d’innombrables poissons, des raies, d’énormes tortues, des barracudas…
Anne en profite tout de même pour faire un peu de shopping. Pas un luxe lorsque l’on regarde l’état de nos affaires après 11 mois de vadrouille. Les rares moments tranquilles, nous les passons à la plage, nous demandant l’intérêt de venir dans un pays comme le Mexique si c’est pour ne pas sortir de ce type de stations balnéaires, conçues tout spécialement pour gringos.
Rémi ayant décroché son diplôme le 24 Juillet, nous partons le 25 au matin vers Isla Holbox, tout au nord de la péninsule. Cette île est supposée être beaucoup plus calme, sans routes autres que les rues de sable du village, avec une richesse faunique rare.
Après avoir passé notre première après midi à la plage avec une star de la télé mexicaine (Eiwaut est hollandais en fait), nous réservons un tour pour le lendemain pour aller voir les plus grands poissons du monde : les requins baleine. Juillet est le meilleur moment de l’année pour venir voir ces petits poissons de 10m se nourrir au large de l’île. Le tour est un peu (très) cher.
Les appréhensions de Anne s’envolent dès que nous arrivons sur le site. Là, une centaine de requins (et certainement le double de touristes) ainsi que des raies mantas de 4m d’envergure, nous attendent. Etrangement sans aucune peur, nous sautons à l’eau avec palmes, masques et tubas et commençons à nager au milieu de ces géants des mers. Ils nous frôlent sans sembler nous voir. Anne se fait une petite frayeur lorsqu’en se retournant, elle tombe nez à nez avec une énorme raie. L’expérience est définitivement extraordinaire et relativement bien encadrée : interdiction de les toucher, d’utiliser les flash etc…
Sur le long chemin du retour, nous nous arrêtons au milieu de centaines de pélicans et autres oiseaux pour déguster un délicieux ceviche. Nous profitons également d’un autre arrêt pour nous remettre à l’eau et nager au milieu des coraux avec des poissons multicolores et des tortues !
Ravis de la journée, nous revenons nous prélasser sur la plage et dans les eaux presque trop chaudes (34°C environ) qui la bordent.
Après une petite soirée avec d’autres stars de la télé mexicaine (décidément), nous profitons de notre dernière journée à Holbox pour… ne rien faire. Un peu de plage quand même ! Anne trouve la force de participer au cours de yoga, ce qui représente une expérience fort peu concluante, dirons nous…
Nous sommes le 28 et le départ approche. Il est temps de nous rapprocher du lieu d’extraction vers le monde réel. Nous nous rendons à l’Isla Mujeres, juste en face de Cancun, d’où nous partons le 1er aout. Revenir blancs étant totalement exclut, nous avons décidé de terminer par 4 jours de plage pur et simple.
Nous explorons l’île en voiturette de golf que nous avons loué avec Aurélie et Murielle, deux françaises avec qui nous finissons le voyage. Et c’est bien officiellement que, pour la première fois de sa vie, Rémi a pu conduire (pas longtemps) sur la route sans moniteur d’autoécole à ses côtés !
Ce pays est-il vraiment génial ? Réalisons nous seulement que c’est le dernier que nous visitons au cours de ce voyage ? Difficile à dire. Quoi qu’il en soit, nous avons vraiment aimé le Méxique, l’accueil de son peuple, la richesse de ses cultures et la diversité de ses paysages. Quelle tristesse que la plupart des gens se contentent d’un hôtel en bord de plage à Cancun, de restaurants pour touristes et de quelques excursions organisées au millimètre. D’aucun dit que le Mexique est un pays dangereux. Après notre expérience, difficile de lui donner raison. Il paraît que le nord du pays est plus « chaud ». Soyez en sûrs, nous reviendrons nous en assurer.

2 commentaires:

  1. Wahoo ! Quel beau récit encore !
    Le retour à la vie lyonnaise dans quelques minutes..... ça va vous faire drôle !
    Je vous attends avec impatience

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  2. Formidable cette dernière étape!
    A l'image de votre long voyage où vous avez su si habilement mèler les émerveillements devant la beauté des paysages, l'intérêt et la curiosité devant les cultures et les hommes rencontrés, mais sans oublier jamais que la vie de ces hommes et de ces femmes est parfois plus douloureuse que ne le laisse croire les guides touristiques...
    Bravo encore bravo à tous les 2!
    Hâte de vous voir et de vous entendre!!!!
    Mille bisous,
    Emmanuelle et Bruno

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