dimanche 14 juillet 2013

Nicaragua, Nicaraguita

A peine débarqués des îles San Blas après notre croisière depuis la Colombie, nous nous retrouvons dans un 4x4 qui nous mène à travers la forêt vierge vers Panama City. C’est une étape de transition dans notre périple nous menant au Nicaragua.
Nous sommes le 18 juin et sommes toujours accompagnés par Baudoin, Leslie et Yohan avec qui nous venons de passer les 3 dernières semaines.

L’arrivée dans la ville est un choc. Nous longeons la côte Pacifique sur les derniers kilomètres lorsque, brusquement, d’immenses buildings tout neufs se dressent devant nous. Pas de doutes, nous sommes bien dans une « colonie » américaine, perdue en pleine Amérique centrale.
A peine arrivés, nous sautons dans un taxi pour nous rendre au terminal de bus d’où nous achetons nos billets pour le Nicaragua, via le Costa Rica. Le départ est prévu pour le 20, ce qui nous laisse le temps de visiter la ville.
Comme souvent, d’une ville dont nous n’attendons pas grand chose, nous sommes très agréablement surpris. Outre l’impressionnant canal (fabriqué au prix de la vie de milliers de travailleurs), par lequel transitent des bateaux gigantesques dont les droits de douane, dépendant du poids, avoisinent en moyenne les 400k€ (!!!), la ville nous rappelle Kuala Lumpur, que nous avions tant aimé. Le mariage de l’ultra moderne et du colonial est parfaitement réussi. Les deux quartiers se faisant face autour de la baie, on a l’impression qu’ils se jaugent fièrement : le faste passé face au prometteur futur.
2 jours donc, passés tranquillement, à arpenter les rues et à se reposer. A jouer aux cartes et à échanger nos anecdotes avec d’autres. Et puis, vient le départ. Les au revoir à nos compagnons et nous voilà dans le bus vers le Nicaragua.
Il nous aura fallut plus de 24h pour traverser le Panama et le Costa Rica, avec d’interminables arrêts aux frontières. Et 5h de plus (dont 1h30 de bateau) pour finalement arriver à notre première destination : la Isla de Ometepe sur le lac Nicaragua. Elle est formée par deux volcans actifs qui émergent de l’immense lac qui a la particularité d’abriter des requins d’eau douce ! Et si l’île paraît petite vue depuis le bateau qui nous y conduit, rien n’en est.
Nous arrivons donc le 21 en fin d’après midi et passons la fin de journée à nous reposer à l’hôtel.
Le lendemain, nous louons deux vélos pour nous rendre dans la réserve de Charco Verde, qui abrite de nombreux oiseaux et des espèces végétales uniques. Sous estimant les distances mais heureusement aidés par la route parfaitement plate, nous nous élançons pour une trentaines de kilomètre aller retour sous le soleil. Après une marche dans le parc, nous profitons des eaux chaudes du lac pour nous baigner un peu avant de reprendre la route. De retour en milieu d’après midi au village, nous assistons, à peine arrivés, à un véritable déluge.
Après quelques jours maintenant en Amérique centrale, nous savons à quoi nous en tenir : c’est la saison des pluies, il fait beau et très chaud le matin et il pleut à verse l’après midi, quasiment tous les jours.
Le 23, nous nous aventurons plus loin dans l’île. Nous prenons un « chicken bus » (les anciens bus scolaires américains) avec comme destination la plage de Santo Domingo, dans l’autre partie de l’île. Problème, nous sommes dimanche et les bus ne sont pas légions. Celui que nous prenons nous dépose à l’entrée d’un village et il ne nous reste qu’à marcher sur les derniers kilomètres. En chemin, nous nous arrêtons dans les eaux transparentes des piscines naturelles de Oro de Agua pour nous rafraichir avant de reprendre notre route.
Après un déjeuner sur la plage, et voyant le mauvais temps arriver, nous nous décidons à repartir vers le village pour assister au match de baseball de l’équipe locale en attendant le bus. Il faut dire que le baseball ici est comme le foot chez nous et l’île compte une vingtaine d’équipes dans son championnat.
La pluie commençant à arriver, nous nous décidons à faire du stop. Cela s’avère plutôt efficace puisque 2 minutes plus tard nous voilà à l’arrière d’un pick up en direction du stade.
Après avoir profité de la ferveur locale et de l’ambiance du match sous la pluie, nous profitons d’une accalmie pour rentrer au village. Nous commençons à rentrer à pied en espérant attraper le bus. Inutile. Nous sommes à nouveau pris en stop par deux papys qui nous mènent à un autre village, à un autre match de baseball. Nous le regardons un peu, sous l’œil amusé des autres spectateurs et nous remettons en route. On arriver finalement à prendre le bus pour parcourir les derniers kilomètres jusqu’à l’hôtel.
Le jour suivant, sans avoir gravi les volcans à cause, notamment, du mauvais temps, nous quittons l’île de Ometepe direction Granada. Sur le bateau, nous faisons la connaissance d’un nicaraguayen qui nous propose de nous approcher d’une quarantaine de kilomètres avec son 4x4. Quelle facilité de se déplacer gratuitement ici !! Nous finissons le trajet en bus.
L’après midi, nous visitons la jolie ville coloniale de Granada. Elle est calme et nous profitons de la fin d’après midi pour goûter pour la première fois le rhum local : le Flor de Cana.
Le 25, nous prenons un bus vers Masaya et, sitôt après nous être installés dans un hôtel miteux, nous nous rendons avec un autre bus à la Laguna de Apoyo. Il nous dépose en haut du cratère dans lequel se trouve la lagune aux eaux bleues et, malgré la mauvaise réputation du chemin (jugé dangereux), nous l’empruntons. Il passe à travers une forêt tropicale et offre plusieurs points de vue magnifiques sur la lagune en plus de la possibilité d’observer toutes sortes d’oiseaux exotiques.
Nous arrivons à la lagune entiers et profitons de l’un des restos déserts dispersés sur le bord de l’eau pour nous restaurer et profiter de la petite langue de galets qui borde le lac. Puis, nous repartons vers Masaya. Ayant déjà eu plusieurs expériences d’auto-stop fructueuses, nous ne sommes pas étonnés d’être pris dès le premier pick up. Il nous économise une bonne heure de marche et nous ramène sur la route principale d’où nous montons dans un bus qui nous ramène en ville.
A peine rentrés, nous sautons dans un taxi pour le volcan Masaya, situé à quelques kilomètres de là. Le paysage autour du volcan est lunaire, les éruptions précédentes ayant laissé de nombreuses traces dans le paysage. Malheureusement, le volcan étant sur le point d’entrer en éruption, il n’est pas possible de rester plus de quelques minutes autour du cratère principal, les autres étant tout simplement fermés. Délogés autant pas le ranger en charge de la surveillance du site que par la pluie qui se met à tomber en trombes, nous rentrons en ville nous reposer en attendant le lendemain.
Avant de quitter Masaya, nous la visitons un peu et nous rendons dans l’un des marchés d’artisanat de cette cité réputée pour être LA ville de l’artisanat au Nica. Malheureusement, on ne trouve pas toujours chaussure à son pied et nous partons pour Managua, la capitale, sans n’avoir rien acheté.
Quelle ville étrange. Lorsque nous regardons notre plan, nous sommes en plein centre. En revanche, lorsque nous regardons autour de nous, on se croirait dans un quartier périphérique d’une ville de moyenne importance : pas un magasin, pas un bâtiment officiel, pas un musée… Vraiment, la journée passée à Managua ne restera pas dans les annales. Heureusement que, flairant l’embrouille, nous avons opté pour un hôtel avec piscine !
Le 27 à l’aube, après nous être bien reposés, nous montons dans un chicken bus brinquebalant qui nous mène à El Rama après 6h de route. De là, nous empruntons dans la foulée un bateau rapide et nous arrivons à Bluefields 2h plus tard. A vol d’oiseau, la capitale de la province autonome caribéenne n’est qu’à 200 kilomètres de Managua. Pourtant, nous voilà dans un autre monde. Les gens sont black et ils parlent l’anglais (créole proche du jamaïcain en fait) !!! C’est d’ailleurs la langue officielle de la province. Pourquoi ? Eh bien, ce sont des descendants d’esclaves échappés de colonies britanniques (Jamaïque…) et même des descendants d’anciens esclaves apportés ici même par ces mêmes britanniques et qui ont obtenu leur liberté le jour où ces derniers sont rentrés chez eux, les abandonnant sur la côte.
Bref, l’arrivée à Bluefields en fin d’aprem après ce long et fatigant trajet nous soulage. Nous sommes, semble-t-il, plus ou moins les seuls touristes dans la ville. Après un repas dans un excellent resto typique (spécialité : la tortue, protégée de préférence) et quelques bières, nous allons nous coucher dans la chaleur de la nuit caribéenne. Nous ne sommes pas encore arrivés à notre destination puisque nous nous dirigeons vers la Laguna de Perlas, territoire des communautés Garifuna et Myskytos, pêcheurs blacks et anglophones eux aussi.
Elle se trouve à 2h de bateau plus au nord. Nous y posons le pied vers midi le 28 juin. Mode caraïbe oblige, nous ralentissons notre rythme significativement et passons quelques jours à lire et à nous reposer, confortablement installés dans des rocking chairs.
Cependant, chaque matin, à l’aube, par 30°C, nous sortons visiter la région. Nous marchons notamment jusqu’aux villages voisins pour admirer le lagon, nous baigner et regarder les pêcheurs s’activer dans leurs barques faites d’une seule pièce de bois. Nous en rencontrons d’ailleurs un qui emmène Rémi à la pêche aux crabes avant de lui préparer une délicieuse soupe avec leur butin du jour.
Le 1er Juillet, nous quittons la paisible côte caraïbe pour retourner à Managua. Pas question de se refaire les deux fois 2h de bateau puis les 6h de bus ! Nous optons pour un ckicken bus reliant La laguna à El Rama (la seule route, si on peut l’appeler comme ça, reliant l’intérieur du pays à la côte). Au total, il nous aura fallut plus de 12h pour revenir à Managua.
Le lendemain matin, nous sautons dans un collectivo qui nous mène dans la superbe ville coloniale de León. C’est le berceau des guerrilleros sandinistes et plus de 90% de la ville fait partie du FSLN !
Nous passons la journée à visiter la ville et, moment très fort, nous visitons le « musée » de la révolution. Sur le mur extérieur, un message tagué donne le ton : « mort à l’envahisseur impérialiste ». L’entrée est à un prix dérisoire, surtout quand on sait que notre guide (comme tous ceux qui travaillent ici) est un ancien guerrillero qui a participé à la révolution de 1979. Il était alors âgé de 17 ans…
Il nous explique tout. De la naissance du FSLN à son expérience personnelle. Les combats dans les rues de León, la prise de ce bâtiment, alors caserne militaire et prison. C’est un moment privilégié pour nous avec comme point d’orgue la montée sur le toit du bâtiment d’où nous avons une vue imprenable sur la ville.
Petit bémol tout de même. Il nous explique que le FSLN, pourtant au pouvoir n’accorde, aucune subvention au musée. Ils entretiennent ce bâtiment colonial imposant grâce aux dons des visiteurs et à la sueur de leur front ! Pire, Daniel, comme ils l’appellent, désire les déloger pour faire de l’édifice, idéalement situé sur la place principale de la ville, un hôtel 5 étoiles… Les temps changent.
Les distances sont courtes au Nicaragua et il ne nous faut que quelques heures pour quitter la région côtière et nous enfoncer un peu plus vers le nord, jusqu’à la ville de Matagalpa. Nous sommes ici pour voir le Nicaragua rural, qui produit le café et le cacao.
Une fois installés dans notre hôtel, nous ressortons visiter le musée du café (un peu fourre tout) qui nous apprend aussi l’histoire de la région et des différentes ethnies locales.
Le lendemain, nous nous rendons dans une fabrique de chocolat, pour le plus grand plaisir de Anne, où nous rencontrons Nelson, un nicaraguayen avec qui nous passons une partie de l’après midi à arpenter la ville jusqu’à la maison d’enfance de Daniel Fonseca, l’un des principaux fondateur du FSLN.
Le 5, nous nous rendons à Esteli, à quelques 50km de Matagalpa. Là sont fabriqués quelques uns des meilleurs cigares du monde (après les cubains évidemment). Nous visitons donc une des nombreuses fabriques, cigare à la main, et suivons le processus de fabrication, ce qui n’est pas sans nous rappeler notre expérience cubaine dans le bâtiment improbable de Partagas.
Notre dernier jour au Nicaragua est passé à s’occuper de trouver un bus, à arpenter la ville de long en large et se conclut par une soirée mémorable avec des locaux sur la musique de « Nicaragua, Nicaraguita »… 
De ce pays si particulier, nous ne retiendrons que du bien. Les gens, les paysages, les cultures si différentes d’une région à l’autre.  Si les choses ont bien changé depuis 30 ans, Rémi se plait à s’imaginer que, il fut un temps, pas si lointain quoi qu’on en dise, ses parents ont marché dans ces rues, vu ces bâtiments, peut être même rencontré ces gens… Et notre seul regret est de n’avoir pas pu passer plus de temps ici.

3 commentaires:

  1. Un "pèlerinage" en quelque sorte pour Rémi qui tenait à fouler ce sol et non à le survoler comme prévu au départ...
    Je n'ai pas encore vu les photos, mais sans doute toujours aussi belles.
    Le retour approche et j'ai hâte de vous entendre...
    Je vous embrasse très très fort

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  2. Lesly, Yo & Body15 juillet 2013 à 22:45

    Coucou les enfants!

    Quoi de neuf?
    Vous êtes sans doute au Guatemala, comment ça se passe là bas? Vous avez fait de bonnes rencontres?

    Nous on est toujours au Nicaragua, à Esteli, sympa ces fabriques de Cigars ! ;-) On a fait comme vous.. et bientôt le canyon de Somoto.

    On espère que tout va bien et on pense fort à vous!

    Plein de bisous de ns 3

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  3. Ometepe, Bluefields, Granada... Que ces noms chantent encore a nos oreilles! Merci pour ce bon moment de lecture! Hate d'en parler de vive voix!!
    Bruno

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