A peine débarqués
des îles San Blas après notre croisière depuis la Colombie, nous nous
retrouvons dans un 4x4 qui nous mène à travers la forêt vierge vers Panama
City. C’est une étape de transition dans notre périple nous menant au
Nicaragua.
Nous sommes le 18
juin et sommes toujours accompagnés par Baudoin, Leslie et Yohan avec qui nous
venons de passer les 3 dernières semaines.
L’arrivée dans la
ville est un choc. Nous longeons la côte Pacifique sur les derniers
kilomètres lorsque, brusquement, d’immenses buildings tout neufs se dressent
devant nous. Pas de doutes, nous sommes bien dans une « colonie »
américaine, perdue en pleine Amérique centrale.
A peine arrivés,
nous sautons dans un taxi pour nous rendre au terminal de bus d’où nous
achetons nos billets pour le Nicaragua, via le Costa Rica. Le départ est prévu
pour le 20, ce qui nous laisse le temps de visiter la ville.
Comme souvent,
d’une ville dont nous n’attendons pas grand chose, nous sommes très
agréablement surpris. Outre l’impressionnant canal (fabriqué au prix de la vie
de milliers de travailleurs), par lequel transitent des bateaux gigantesques
dont les droits de douane, dépendant du poids, avoisinent en moyenne les
400k€ (!!!), la ville nous rappelle Kuala Lumpur, que nous avions tant
aimé. Le mariage de l’ultra moderne et du colonial est parfaitement réussi. Les
deux quartiers se faisant face autour de la baie, on a l’impression qu’ils se
jaugent fièrement : le faste passé face au prometteur futur.
2 jours donc,
passés tranquillement, à arpenter les rues et à se reposer. A jouer aux cartes
et à échanger nos anecdotes avec d’autres. Et puis, vient le départ. Les au
revoir à nos compagnons et nous voilà dans le bus vers le Nicaragua.
Il nous aura fallut
plus de 24h pour traverser le Panama et le Costa Rica, avec d’interminables
arrêts aux frontières. Et 5h de plus (dont 1h30 de bateau) pour finalement
arriver à notre première destination : la Isla de Ometepe sur le lac
Nicaragua. Elle est formée par deux volcans actifs qui émergent de l’immense lac
qui a la particularité d’abriter des requins d’eau douce ! Et si l’île
paraît petite vue depuis le bateau qui nous y conduit, rien n’en est.
Nous arrivons donc
le 21 en fin d’après midi et passons la fin de journée à nous reposer à
l’hôtel.
Le lendemain, nous
louons deux vélos pour nous rendre dans la réserve de Charco Verde, qui abrite
de nombreux oiseaux et des espèces végétales uniques. Sous estimant les
distances mais heureusement aidés par la route parfaitement plate, nous nous
élançons pour une trentaines de kilomètre aller retour sous le soleil. Après
une marche dans le parc, nous profitons des eaux chaudes du lac pour nous
baigner un peu avant de reprendre la route. De retour en milieu d’après midi au
village, nous assistons, à peine arrivés, à un véritable déluge.
Après quelques
jours maintenant en Amérique centrale, nous savons à quoi nous en tenir :
c’est la saison des pluies, il fait beau et très chaud le matin et il pleut à verse
l’après midi, quasiment tous les jours.
Le 23, nous nous
aventurons plus loin dans l’île. Nous prenons un « chicken bus » (les
anciens bus scolaires américains) avec comme destination la plage de Santo
Domingo, dans l’autre partie de l’île. Problème, nous sommes dimanche et les
bus ne sont pas légions. Celui que nous prenons nous dépose à l’entrée d’un
village et il ne nous reste qu’à marcher sur les derniers kilomètres. En
chemin, nous nous arrêtons dans les eaux transparentes des piscines naturelles
de Oro de Agua pour nous rafraichir avant de reprendre notre route.
Après un déjeuner
sur la plage, et voyant le mauvais temps arriver, nous nous décidons à repartir
vers le village pour assister au match de baseball de l’équipe locale en
attendant le bus. Il faut dire que le baseball ici est comme le foot chez nous
et l’île compte une vingtaine d’équipes dans son championnat.
La pluie commençant
à arriver, nous nous décidons à faire du stop. Cela s’avère plutôt efficace
puisque 2 minutes plus tard nous voilà à l’arrière d’un pick up en direction du
stade.
Après avoir profité
de la ferveur locale et de l’ambiance du match sous la pluie, nous profitons
d’une accalmie pour rentrer au village. Nous commençons à rentrer à pied en
espérant attraper le bus. Inutile. Nous sommes à nouveau pris en stop par deux
papys qui nous mènent à un autre village, à un autre match de baseball. Nous le
regardons un peu, sous l’œil amusé des autres spectateurs et nous remettons en
route. On arriver finalement à prendre le bus pour parcourir les derniers
kilomètres jusqu’à l’hôtel.
Le jour suivant,
sans avoir gravi les volcans à cause, notamment, du mauvais temps, nous
quittons l’île de Ometepe direction Granada. Sur le bateau, nous faisons la
connaissance d’un nicaraguayen qui nous propose de nous approcher d’une
quarantaine de kilomètres avec son 4x4. Quelle facilité de se déplacer
gratuitement ici !! Nous finissons le trajet en bus.
L’après midi, nous
visitons la jolie ville coloniale de Granada. Elle est calme et nous profitons
de la fin d’après midi pour goûter pour la première fois le rhum local :
le Flor de Cana.
Le 25, nous prenons
un bus vers Masaya et, sitôt après nous être installés dans un hôtel miteux,
nous nous rendons avec un autre bus à la Laguna de Apoyo. Il nous dépose en
haut du cratère dans lequel se trouve la lagune aux eaux bleues et, malgré la
mauvaise réputation du chemin (jugé dangereux), nous l’empruntons. Il passe à
travers une forêt tropicale et offre plusieurs points de vue magnifiques sur la
lagune en plus de la possibilité d’observer toutes sortes d’oiseaux exotiques.
Nous arrivons à la
lagune entiers et profitons de l’un des restos déserts dispersés sur le bord de
l’eau pour nous restaurer et profiter de la petite langue de galets qui borde
le lac. Puis, nous repartons vers Masaya. Ayant déjà eu plusieurs expériences
d’auto-stop fructueuses, nous ne sommes pas étonnés d’être pris dès le premier
pick up. Il nous économise une bonne heure de marche et nous ramène sur la
route principale d’où nous montons dans un bus qui nous ramène en ville.
A peine rentrés,
nous sautons dans un taxi pour le volcan Masaya, situé à quelques kilomètres de
là. Le paysage autour du volcan est lunaire, les éruptions précédentes ayant
laissé de nombreuses traces dans le paysage. Malheureusement, le volcan étant
sur le point d’entrer en éruption, il n’est pas possible de rester plus de
quelques minutes autour du cratère principal, les autres étant tout simplement
fermés. Délogés autant pas le ranger en charge de la surveillance du site que
par la pluie qui se met à tomber en trombes, nous rentrons en ville nous
reposer en attendant le lendemain.
Avant de quitter
Masaya, nous la visitons un peu et nous rendons dans l’un des marchés
d’artisanat de cette cité réputée pour être LA ville de l’artisanat au Nica.
Malheureusement, on ne trouve pas toujours chaussure à son pied et nous partons
pour Managua, la capitale, sans n’avoir rien acheté.
Quelle ville
étrange. Lorsque nous regardons notre plan, nous sommes en plein centre. En
revanche, lorsque nous regardons autour de nous, on se croirait dans un quartier
périphérique d’une ville de moyenne importance : pas un magasin, pas un
bâtiment officiel, pas un musée… Vraiment, la journée passée à Managua ne
restera pas dans les annales. Heureusement que, flairant l’embrouille, nous
avons opté pour un hôtel avec piscine !
Le 27 à l’aube,
après nous être bien reposés, nous montons dans un chicken bus brinquebalant
qui nous mène à El Rama après 6h de route. De là, nous empruntons dans la
foulée un bateau rapide et nous arrivons à Bluefields 2h plus tard. A vol d’oiseau,
la capitale de la province autonome caribéenne n’est qu’à 200 kilomètres de
Managua. Pourtant, nous voilà dans un autre monde. Les gens sont black et ils
parlent l’anglais (créole proche du jamaïcain en fait) !!! C’est
d’ailleurs la langue officielle de la province. Pourquoi ? Eh bien, ce
sont des descendants d’esclaves échappés de colonies britanniques (Jamaïque…)
et même des descendants d’anciens esclaves apportés ici même par ces mêmes
britanniques et qui ont obtenu leur liberté le jour où ces derniers sont
rentrés chez eux, les abandonnant sur la côte.
Bref, l’arrivée à
Bluefields en fin d’aprem après ce long et fatigant trajet nous soulage. Nous
sommes, semble-t-il, plus ou moins les seuls touristes dans la ville. Après un
repas dans un excellent resto typique (spécialité : la tortue, protégée de
préférence) et quelques bières, nous allons nous coucher dans la chaleur de la
nuit caribéenne. Nous ne sommes pas encore arrivés à notre destination puisque
nous nous dirigeons vers la Laguna de Perlas, territoire des communautés
Garifuna et Myskytos, pêcheurs blacks et anglophones eux aussi.
Elle se trouve à 2h
de bateau plus au nord. Nous y posons le pied vers midi le 28 juin. Mode
caraïbe oblige, nous ralentissons notre rythme significativement et passons
quelques jours à lire et à nous reposer, confortablement installés dans des
rocking chairs.
Cependant, chaque
matin, à l’aube, par 30°C, nous sortons visiter la région. Nous marchons
notamment jusqu’aux villages voisins pour admirer le lagon, nous baigner et
regarder les pêcheurs s’activer dans leurs barques faites d’une seule pièce de
bois. Nous en rencontrons d’ailleurs un qui emmène Rémi à la pêche aux crabes
avant de lui préparer une délicieuse soupe avec leur butin du jour.
Le 1er
Juillet, nous quittons la paisible côte caraïbe pour retourner à Managua. Pas
question de se refaire les deux fois 2h de bateau puis les 6h de bus !
Nous optons pour un ckicken bus reliant La laguna à El Rama (la seule route, si
on peut l’appeler comme ça, reliant l’intérieur du pays à la côte). Au total,
il nous aura fallut plus de 12h pour revenir à Managua.
Le lendemain matin,
nous sautons dans un collectivo qui nous mène dans la superbe ville coloniale
de León. C’est le berceau des guerrilleros sandinistes et plus de 90% de la
ville fait partie du FSLN !
Nous passons la
journée à visiter la ville et, moment très fort, nous visitons le
« musée » de la révolution. Sur le mur extérieur, un message tagué
donne le ton : « mort à l’envahisseur impérialiste ». L’entrée
est à un prix dérisoire, surtout quand on sait que notre guide (comme tous ceux
qui travaillent ici) est un ancien guerrillero qui a participé à la révolution
de 1979. Il était alors âgé de 17 ans…
Il nous explique
tout. De la naissance du FSLN à son expérience personnelle. Les combats dans
les rues de León, la prise de ce bâtiment, alors caserne militaire et prison.
C’est un moment privilégié pour nous avec comme point d’orgue la montée sur le
toit du bâtiment d’où nous avons une vue imprenable sur la ville.
Petit bémol tout de
même. Il nous explique que le FSLN, pourtant au pouvoir n’accorde, aucune
subvention au musée. Ils entretiennent ce bâtiment colonial imposant grâce aux
dons des visiteurs et à la sueur de leur front ! Pire, Daniel, comme ils
l’appellent, désire les déloger pour faire de l’édifice, idéalement situé sur
la place principale de la ville, un hôtel 5 étoiles… Les temps changent.
Les distances sont
courtes au Nicaragua et il ne nous faut que quelques heures pour quitter la
région côtière et nous enfoncer un peu plus vers le nord, jusqu’à la ville de
Matagalpa. Nous sommes ici pour voir le Nicaragua rural, qui produit le café et
le cacao.
Une fois installés
dans notre hôtel, nous ressortons visiter le musée du café (un peu fourre tout)
qui nous apprend aussi l’histoire de la région et des différentes ethnies
locales.
Le lendemain, nous
nous rendons dans une fabrique de chocolat, pour le plus grand plaisir de Anne,
où nous rencontrons Nelson, un nicaraguayen avec qui nous passons une partie de
l’après midi à arpenter la ville jusqu’à la maison d’enfance de Daniel Fonseca,
l’un des principaux fondateur du FSLN.
Le 5, nous nous
rendons à Esteli, à quelques 50km de Matagalpa. Là sont fabriqués quelques uns
des meilleurs cigares du monde (après les cubains évidemment). Nous visitons
donc une des nombreuses fabriques, cigare à la main, et suivons le processus de
fabrication, ce qui n’est pas sans nous rappeler notre expérience cubaine dans
le bâtiment improbable de Partagas.
Notre dernier jour
au Nicaragua est passé à s’occuper de trouver un bus, à arpenter la ville de
long en large et se conclut par une soirée mémorable avec des locaux sur la
musique de « Nicaragua, Nicaraguita »…
De ce pays si
particulier, nous ne retiendrons que du bien. Les gens, les paysages, les
cultures si différentes d’une région à l’autre. Si les choses ont bien changé depuis 30 ans, Rémi se plait à
s’imaginer que, il fut un temps, pas si lointain quoi qu’on en dise, ses
parents ont marché dans ces rues, vu ces bâtiments, peut être même rencontré
ces gens… Et notre seul regret est de n’avoir pas pu passer plus de temps ici.
Un "pèlerinage" en quelque sorte pour Rémi qui tenait à fouler ce sol et non à le survoler comme prévu au départ...
RépondreSupprimerJe n'ai pas encore vu les photos, mais sans doute toujours aussi belles.
Le retour approche et j'ai hâte de vous entendre...
Je vous embrasse très très fort
Coucou les enfants!
RépondreSupprimerQuoi de neuf?
Vous êtes sans doute au Guatemala, comment ça se passe là bas? Vous avez fait de bonnes rencontres?
Nous on est toujours au Nicaragua, à Esteli, sympa ces fabriques de Cigars ! ;-) On a fait comme vous.. et bientôt le canyon de Somoto.
On espère que tout va bien et on pense fort à vous!
Plein de bisous de ns 3
Ometepe, Bluefields, Granada... Que ces noms chantent encore a nos oreilles! Merci pour ce bon moment de lecture! Hate d'en parler de vive voix!!
RépondreSupprimerBruno