vendredi 24 mai 2013

Sur les pas des Incas

Départ de La Paz. 3 petites heures de collectivo, une rivière traversée en barque et nous voici à Copacabana. Pas au Mexique, ni au Brésil. Mais bien sur les rives du lac Titicaca, la plus haut lac navigable (et navigué) du monde : 3850m.

C’est une étape incontournable de notre périple andin. C’est de l’une de ses îles que serait, selon les incas, sorti le Soleil (mais on sait depuis fin décembre dernier qu’on ne peut pas trop faire confiance aux civilisations précolombiennes).
Pour nous mettre en jambe et pour respecter la tradition, nous commençons par une petite marche qui nous mène au Bain de L’Inca, où les voyageurs venaient prendre… un bain, avant de rejoindre le lac sacré. Dans le petit musée peu visité (une dizaine de visiteurs depuis début mars, selon le registre), nous rencontrons notre première momie. Ca fait bizarre, surtout dans un endroit aussi poussiéreux et sombre.
Une autre marche jusqu’à l’observatoire d’où ils regardaient le ciel et d’où nous admirons la vue sur le lac et nous sommes prêts. 
Le 23 Avril, nous embarquons sur un petit bateau à moteur jusqu’à « L’Isla del Sol », l’île du Soleil, pour les non hispanophones. Nous choisissons de dormir au nord car c’est la partie la moins touristique, la plus belle et la moins chère. La vue de l’hôtel à 3 euros est imprenable sur la petite baie du village et sur le lac.
Avant de nous mettre en route, le lendemain, nous dégustons un repas typique du lac : du riz (comme partout), des patates (idem) et de la truite du lac : délicieuse.
Le matin du 24, nous quittons donc le village pour une marche de quelques heures jusqu’au sud de l’île d’où nous prendrons le bateau pour retourner à Copacabana (toujours pas au Mexique).
En chemin, le long de la route séculaire de l’inca, nous passons le rocher d’où serait sorti le soleil mais surtout notre première petite cité. Un avant goût de Machu-Picchu. Elle domine des eaux turquoises et le fait que l’on soit totalement seuls, si l’on excepte les quelques villageois affairés aux champs voisins, rend le lieux magique, presque mystique. Vivement Cusco !
En fin de journée, nous sommes de retour à Copacabana d’où, le lendemain, nous partons pour l’autre rive, le Pérou.
Si Copacabana était chouette, Puno, son alter égo péruvienne est totalement sans intérêt. Et c’est presque honteux que nous montons sur un bateau pour un tour organisé sur les villages flottants du lac. La visite au zoo humain est pathétique et plutôt révoltante mais elle a le mérite de passer le temps en attendant le bus qui, le soir, nous emmène à Arequipa. Petit break dans notre découverte de la civilisation inca.
C’est la deuxième ville du pays et, s’il n’y a pas de traces des incas ici, son centre-ville colonial n’en est pas moins magnifique. Nous sommes le 26 Avril et nous errons dans la ville. En début d’après midi, nous visitons le monastère Santa Catalina. Une ville dans la ville. Coupé du monde mais avec ses propres rues, des dizaines de chambres pour les sœurs, des places, un potager, des cuisines et bien sur des églises. L’édifice est extra et sa visite nous prend l’après midi entière. 
Le soir, sur la terrasse de l’hôtel, avec vue sur les volcans qui entourent la ville, nous jouons aux cartes autour de notre premier Inca Cola. C’est une boisson gazeuse très sucrée, jaune, au gout de bubble gum et qui a la particularité d’être plus populaire ici que le Coca-Cola. Pour faire face, Coca a tout simplement… racheté la marque.
Le lendemain matin, nous prenons un collectivo pour nous rendre dans le canyon de Colca, le deuxième plus profond du monde (devant le Grand Canyon américain mais derrière un autre canyon de la région). C’est pour cela que nous sommes à Arequipa. Marcher dans ce canyon. 6h de bus pour rejoindre le village qui le surplombe. De là, le matin suivant à l’aube, nous nous mettons en marche vers l’oasis qui se trouve 1200m plus bas, au fond du canyon. 
La descente à flanc de falaise est magnifique. Nous ne croisons que quelques villageois du canyon qui vaquent à leurs occupations et nous indiquent le chemin. Nous traversons de petits villages qui surplombent la rivière et nous arrêtons dans l’un d’eux pour goûter les fruits locaux : différents fruits de cactus, granadillas entre autres. Après 6h de marche (au lieu des 8 annoncées), nous atteignons l’oasis sous un soleil de plomb. Nous passons l’après midi dans la piscine d’un petit hôtel et dormons dans un bungalow. Un repos bien mérité !
A l’aube, nous quittons ce petit coin de paradis pour 3h d’une terrible ascension (surtout pour Anne). 1200m de dénivelé à remonter d’une traite avec l’obligation d’arriver au village avant 10h pour attraper le bus retour vers Arequipa, puis celui du soir vers Cusco. En chemin, Rémi ne résiste pas à l’envie de cueillir des fruits sur les cactus que nous voyons. Mais qui s’y frotte s’y pique et c’est les mains pleines de minuscules aiguilles qu’il termine la marche. Mission accomplie. 
Le retour vers la ville est plutôt cocasse. Il fait chaud et nous sommes dans un bus de 40 places à plus de 100 (sans compter les 8 moutons vivants qui sont dans la soute avec nos sacs).
De justesse, nous arrivons à temps à la gare d’Arequipa et attrapons le bus de nuit direction Cusco, le point de départ de la vallée sacrée au bout de laquelle se trouve l’une des Merveilles du Monde : Le Machu Picchu.
La ville de Cusco est jolie mais tellement chère et touristique ! Heureusement, nous nous retrouvons dans un hôtel pour argentins (ce qui veut dire : sale mais sympa et pas cher, en gros). Nous assistons à la manif du 1er Mai locale où défilé en costume traditionnel se marie aux drapeaux aux couleurs des syndicats. La visite de la ville ne nous prend néanmoins pas plus de 2 jours et, suivant les conseils de Faustine et Flo, nous partons à la découverte de la vallée sacrée par nos propres moyens. 
Pas de train à 100$ allée retour jusqu’au Machu Pichu mais un petit collectivo à 3€ jusqu’à Mauras, d’où nous marchons jusqu’à notre premier site inca de la vallée : les cercles de Moray (c’est un superbe ensemble de terrasses représentant chacune un microclimat et servant de laboratoire agricole aux incas de la région).
De là, 2h de marche jusqu’à des salinas en terrasse. Les couleurs sont magnifiques et, même après le Salar D’Uyuni, ce site vaut le détour, c’est dire !
Nous les traversons et descendons jusqu’au village suivant d’où nous attrapons (littéralement) un minivan qui nous emmène jusqu’au superbe village de Ollantaytambo. Il est dominé par une immense citadelle qui protégeait l’accès à la vallée. 
Nous y passons la nuit et, le 3 Mai, au petit matin, avec les écoliers et les travailleurs, nous prenons un collectivo. Pour faire pas cher et sympa jusqu’au Machu, il existe un moyen : marcher sur les rails du train emmenant les touristes. Nous descendons donc au km82 et nous lançons pour 6h30 d’une marche magnifique le long de la voie ferrée. Les rails longent la rivière surplombée ça et là par des ruines. La vue est magnifique et les 28km, seuls sur la route, à guetter le passage des trains (qui finissent pas nous saluer très chaleureusement, par sirènes et par des grands signes d’encouragement des membres d’équipage), passent relativement vite.
Dans l’après-midi, après avoir traversé des ponts et des tunnels (assez dangereux d’ailleurs) et vu passer une bonne quinzaine de trains qui nous obligent à nous blottir contre la falaise, nous arrivons enfin à Aguas Calientes, la ville spécialement édifiée pour les touristes se rendant au Machu Pichu. Nous achetons nos tickets pour le lendemain (40 euros chacun quand même), mangeons et allons nous coucher.
Nous sommes le 4 Mai, 4h30 du matin. La nuit a été courte et nous avons encore mal aux jambes de la veille. Néanmoins, nous nous levons sans rechigner. C’est la dernière ligne droite. Le site n’ouvre qu’à 6h mais nous avons une bonne heure d’ascension jusqu’à l’entrée et nous voulons éviter la foule. Les centaines de marches jusqu’au sommet, de taille variable, finissent de nous achever. A 6h, nous y sommes. Mais pas seuls : nous sommes une petite cinquantaine à nous presser devant les grilles et les cars de touristes moins courageux commencent à arriver.
Nous pénétrons néanmoins à temps pour admirer le site encore vide et calme. La récompense est là : quelques photos d’un Machu Pichu de carte postale, sous le soleil du matin.
Quelques heures plus tard, ravis et fiers de nous, nous quittons le site et repartons pour 12km de marche vers une centrale électrique d’où nous attrapons une série de collectivos qui nous ramènent, à la nuit, à Cusco.
Bilan financier : 2 jours magiques moins de 60 euros par personne entrée comprise quand, pour seulement pour venir plus l’entrée au site, la plupart des touristes payent 150 euros. Une réussite économique et culturelle.
Finis les incas. Place à la montagne et à la jungle. Mais cela est une autre histoire…

4 commentaires:

  1. Émotions ++++ à vous lire, à admirer les photos...
    Je vous envie, même si je sais que le chemin pour découvrir de telles beautés est éprouvant !
    Bravo et merci encore de nous faire partager en différé un "quotidien" inoubliable !
    Mille bisous

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  2. C'est magnifique! Encore et encore merci. Et bravo d'avoir su éviter les chemins encombrés pour les sentiers plus sinueux. J'ai hâte de voir toutes les photos et de vous entendre les commenter!!
    Bruno

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  3. Là, vous avez ajouté à votre statut de voyageurs curieux d'authenticité celui de grands sportifs! j'ai mal aux pieds, aux mollets pour vous. Bravo et merci encore pour ces récits et photos! soyez très prudents! je vous embrasse
    marido

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  4. Certes, vous pouvez avoir mal aux jambes ! Mais vous rendez un fier service à ceux qui, comme nous, seraient bien incapables de vous suivre, mais qui n'en apprécient pas moins vos superbes images et vos commentaires.
    Prenez soin de vous, et continuez à nous faire partager vos découvertes.(Continuez aussi à vous émerveiller vous-mêmes !)
    A bientôt...J. & M. de Loudoueineix...

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