vendredi 24 mai 2013

Chapeau melon et feuilles de coca

Après 3h de bus à travers la montagne depuis Uyuni, nous arrivons à Potosi. Il fait nuit noire (23h) mais nous trouvons un hôtel sans difficulté.
L’altitude se fait sentir. Nous sommes à 4060m, dans la ville la plus haute du monde et chacun de nos pas nous essouffle. Heureusement, la coca nous aide. Nous sommes là pour les mines bien connues et, comme souvent, nous sommes surpris de la beauté de la ville, dont on ne nous avait pas parlé.

Le premier jour, un peu angoissés (surtout Rémi, blanc comme un linge dans le bus nous menant jusqu’à l’entrée), nous pénétrons dans le monde souterrain des mines. Notre guide nous explique qu’il y a deux mondes à Potosi: les mines dans lesquels seul la loi du plus fort compte (pas de propriété, le groupe le plus important s’approprie les meilleurs filons, combat en cas de conflit…) et le monde de l’exterieur dans lequel les mineurs sont méprisés. Au delà de l’expérience inédite et pas évidente (surtout pour Rémi, qui sait depuis les tunnels vietnamiens qu’il est assez claustrophobe), ce tour nous offre la chance de découvrir la vie de ces forçats qui se sacrifient, au sens propre, pour leurs familles. Nous avions peur d’un tour au « zoo », mais rien n’en est. C’est la réalité, aussi terrible et crue qu’elle soit. Pour vous faire une idée plus précise, regardez « The Devil’s Miners », superbe documentaire.
Après notre tour, nous partons boire un verre pour nous remettre. Nous sommes avec Yohann et Leslie, tourdumondistes rencontrés pendant la visite. Ils ont la particularité d’avoir déjà fait un an de voyage, d’être revenus et repartis deux mois plus tard (tiens, tiens…). Nous les reverrons en Colombie en Mai si tout va bien.
Le jour suivant est consacré à la visite (rapide) de la ville et au repos à l’hostel avec d’autres voyageurs.
Le 10 Avril, nous partons pour Sucre, ville coloniale et ancienne capitale du pays. Il n’y a que 3h de trajet et nous profitons du reste de la journée pour visiter la ville qui, bien que très jolie et très propre, ne nous emballe pas vraiment. Et ce, en dépit du restaurant (excellent et pas cher) de l’Alliance Française, qui nous change du riz, des frites et du poulet. La cité est trop propre, trop jolie, trop touristique pour nous, j’imagine. Heureusement, la soirée avec Flo et Faustine, charmants tourangeaux, guyanais d’adoption, passée dans un petit bar du centre-ville à déguster des bières et du « Pisco Sour » est très agréable.
Le lendemain, nous continuons d’errer dans la ville, de marchés en bâtiments coloniaux. Le soir, sur les recommandations de voyageurs, nous prenons un bus vers Samaipata, petit village à la bordure de l’Amazonie et point de départ de la « Route du Che », qui s’est d’ailleurs arrêtée dans la région.
12h d’un horrible trajet plus tard (le pire depuis le départ, c’est dire), nous arrivons en ville. Les rues de ce village colonial sont désertes, il est 6h du matin. 
Nous trouvons un hôtel miteux mais pas cher et ressortons boire un café pour nous réveiller. Là, nous faisons la connaissance de français installés ici qui nous invitent à visiter un refuge pour animaux. Le rendez vous est fixé pour l’après midi, ce qui nous laisse le temps de retourner dormir. Malheureusement pour Rémi, sur le trajet entre la chambre et la douche (pourtant pas long), il ne peut s’empêcher d’aider les propriétaires de l’hôtel à monter des barres de béton armé au 3ème étage en vue d’en fabriquer un 4ème
2h plus tard, encore plus fatigués mais avec de la bière, du coca et l’hôtel gratuit en remerciement pour l’aide, nous partons pour le zoo qui est à 45 minutes de marche du village.
Il est tenu par une suisse et entretenu par une flopée d’argentins et de français qui s’occupent des singes, perroquets et autres animaux presque tous en totale liberté. L’après midi est très agréable à jouer avec les singes et se termine par un match de foot France-Argentine, pas facile à cette altitude (ils ont gagné).
Le lendemain, reposés, nous prenons un taxi pour nous rendre à « El Fuerte ». C’est notre premier contact avec l’ancienne civilisation Inca. C’est un endroit mystérieux. Un gigantesque rocher de plus de 100m de long, entièrement sculpté, au sommet d’une montagne. Il devait avoir un rôle primordial dans le commerce puisqu’il se situe sur l’une des nombreuses routes de l’Inca et était un point de rencontre important entre est et ouest. La visite terminée, nous marchons les 6km nous ramenant en ville.
Le 14 Avril au matin, nous quittons le paisible village de Samaipata pour l’encore plus paisible, mais néanmoins chargé d’Histoire, village de La Higuera. Nous attrapons un bus (littéralement, le bus ne faisant que ralentir pour laisser les gens monter) pour 6h et y trouvons une place entre les sacs de riz, une vieille bolivienne qui vomit et deux vieux boliviens sympas mais complètement ivres. Le trajet est un peu long mais nous rejoignons le petit village de montagne de Puccara d’où nous demandons à un local de nous emmener à La Higuera, à une heure de 4x4, village de 30 âmes dans lequel est mort le Che.
Là, nous décidons de nous faire un petit plaisir et de dormir dans l’hôtel le plus classe du village, à 12 euros la nuit. Les deux jours suivants, nous les passons à lire et nous balader dans la campagne environnante, notamment jusqu’à l’endroit précis où le Che s’est fait capturé, il y a 56 ans.
Bien reposés, nous profitons d’une voiture quittant le village pour aller à Vallegrande, petite ville où son corps a été exposé. Après la visite (gratuite) du lavoir et de la morgue, nous attrapons un bus pour la nuit jusqu’à Cochabamba, d’où nous rejoignons La Paz. 
Nous sommes le 18 Avril au soir lorsque, surprise, nous retrouvons Faustine et Flo à l’hôtel. Pour fêter ça, nous allons boire quelques bières et manger ensemble.
L’altitude de la ville (3600m) fait que la bière passe mal et c’est avec une gueule de bois monumentale que nous nous réveillons. Rémi est malade et nous ne nous éloignons pas trop de l’hôtel, préférant nous reposer avant la journée du lendemain qui s’annonce sportive.
Au petit matin, nous sautons dans un bus en direction d’une montagne environnante. Et c’est à 4700m et avec la neige que, sur des vélos, nous nous élançons sur la route la plus dangereuse du monde, paraît-il. 60km de pure descente, 3500m de dénivelée avec d’un côté la falaise, de l’autre un précipice vertigineux de plusieurs centaines de mètres. Le nombre de croix sur le côté, les voitures venant en sens inverse et le chemin non goudronné finissent de nous convaincre : c’est bien LA « Route de la mort ».
Hors mis le côté adrénaline, les paysages sont magnifiques. Difficile de croire que nous sommes parti d’un col enneigé lorsque nous arrivons, en début d’après-midi, dans un oasis luxuriant, par 30°C.
Le 21 Avril, nous profitons de la dernière journée en ville pour visiter les musées, faire du shopping et admirer cette cité improbable depuis l’un des miradors la surplombant. Elle est construite entre la montagne et l’altiplano, sur lequel se trouvent d’ailleurs les quartiers les plus pauvres. L’ensemble est superbe.
Puis, comme toujours, vient le départ. Fini le Che, finies les mines et les grandes villes. Place aux Incas. Et ça commence au Lac Titicaca, bien sûr. Là où, dans leur mythologie, tout a commencé.

1 commentaire:

  1. Formidable, encore! Même si le Che est mort il y a 46 ans et non 56!! C'est vrai qu'il est bien oublié aujourd'hui, le temps paraît sans doute plus long... Et la "route de la mort": cette semaine, Libé a consacré un dossier à cette route "la plus dangereuse du monde" et à ses 200 morts annuels!! Heureux qu'elle soit derrière vous!!
    Continuez et soyez prudents!!

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