dimanche 17 mars 2013

Chili con huevo de Pasqua

Notre périple sud-américain s’annonce compliqué. La météo incertaine et les prix nous ont fait renoncé à nous rendre dans le sud, en Patagonie. Au lieu de cela, direction des contrés moins hostiles. Notre nouveau parcours devrait ressembler à ceci. Chili, Argentine, Uruguay, Argentine, Paraguay, Argentine, Chili, Bolivie, Pérou, (Equateur), Colombie, Pérou. Compliqué je vous dit…

Nous traiterons donc ce parcours comme nous le pourrons pour que cela reste compréhensible et que vous ne soyez pas trop perdus, espérons…
Bref, avant de renter dans le vif du sujet, 4 jours sur l’île de Pâques nous attendent. Ayant entendu que l’atterrissage sur cette petite île était un moment particulièrement délicat, c’est bien soulagé que nous posons le pied sur ce rocher perdu dans le pacifique.
Evidemment, nous sommes là pour les moais et les vestiges de cette civilisation fascinante et méconnue. Nous ne rentrerons pas dans des détails mais vous invitons à aller jeter un œil à son histoire passionnante, Internet est fait pour ça !
Nous sommes donc le 1er Mars et après deux 28 février du fait du décalage horaire dont un passé à se reposer à Santiago en attendant notre avion (le deuxième en deux jours, soit 17h de vol), nous arrivons sur l’île. Comme si nous n’avions pas eu notre dose en Nouvelle-Zélande, nous élisons domicile dans un des campings DU village de l’île.
Cette première journée nous donne l’occasion de prendre la température sud-américaine auprès de français vivants au Chili et de notre hôte qui, comme beaucoup, est plus polynésien que chilien et parle un peu français car une partie de sa famille vit à Tahiti.
Les deux jours suivants sont consacrés à la visite des sites historiques et naturels de l’île. 10h de marche le premier jour, des moais à gogo évidemment. Des chevaux et des vaches en liberté aussi, ce qui ne rend pas Anne très heureuse puisqu’elle en a une peur bleue. Le cratère du volcan sacré et les ruines du village le plus important sur sa crête, suspendu à 400 mètres au dessus des eaux du Pacifique. C’est superbe. C’est l’endroit où l’on désignait « l’homme oiseau » dans les temps anciens. Les candidats devaient désescalader les 400m de falaise avant de nager 1,4km et rejoindre un ilot voisin (motu) sur lequel ils devaient récupérer un œuf et le ramener à leur point de départ… S’ils survivaient !
Le second, location de vélo et 50km de site en site tout d‘abord sous un soleil de plomb puis sous la pluie battante. Nous visitons notamment la carrière dans laquelle on fabriquait les moais et celle des chapeaux. Le plus grand moai, inachevé, est encore in situ et mesure… 22 mètres de haut !
Le dernier jour, fatigués, nous le passons à nager dans les vagues entre surfeurs et tortues, ce qui complète parfaitement notre triathlon ! Le soir, comme pour nous récompenser de nos efforts, nous sommes invités à partager un ceviche (poisson cru cuit par le jus de citron) par le propriétaire du camping.
Seulement 4 jours à l’île de Pâques et, bien que nous ayons lu partout que cela suffisait, on se serait bien vu rester plus longtemps tant la vie y est agréable, la mer bonne et les paysages somptueux !
Retour à Santiago le 5 Mars après 5h d’avion, encore. La soirée n’est pas très productive. Nous en profitions quand même pour essayer d’apprendre quelques mots d’espagnol avec les hispanophones exclusifs de notre guesthouse. Nous avons tous les deux appris l’anglais et l’allemand donc quelques notions même basiques sont toujours les bienvenues !
Le lendemain, nous flânons dans la ville de quartiers en quartiers sur les traces de l’Histoire et des 17 ans de dictature : la Moneda où est mort Salvador Allende pendant le coup d’état de Pinochet, le 38 rue de Londres où les opposants communistes ont été torturés et ont disparus… Malheureusement, le musée d’histoire précolombienne est fermé jusqu’en juin pour rénovation…
Ce qui nous frappe ici, c’est la conscience politique extrêmement présente chez les jeunes (et les moins jeunes) que nous rencontrons. Tous les bars sont des références à la dictature : des noms d’opposants disparus, de chanteurs assassinés… Il existe même un bar extrêmement à la mode qui porte le nom de « The Clinic » en référence à l’endroit où Pinochet est mort en Angleterre !
Le lendemain, sur la place Barrio Brasil, dans un quartier populaire et franchement bohème de la ville, nous rencontrons deux jeunes anarchistes avec qui nous passons quelques heures à écouter un groupe qui répète sur la place et à discuter de tout et de rien, surtout de tout en franspanglish. Ils nous emmènent au musée de la mémoire pour nous plonger un peu plus dans leur Histoire.
Le soir même, le 7 Mars, avec la famille Chaix (de Chine et Nouvelle Zélande), nous sommes invités à manger chez un prof de sciences très politisé lui aussi. Il vit dans les immeubles classés juste en face de la Moneda dont les murs portent encore les traces des impacts des balles tirées pendant le coup d’Etat. La communication est difficile car il ne parle qu’espagnol, mais, grâce à Béné qui sert de traductrice, nous passons une excellente soirée.
Le 8, encore un peu dans le gaz de la veille, nous prenons le bus pour 2h de trajet jusqu’à Valparaiso, ville côtière et port classé au patrimoine mondial de l’humanité. Les circonstances et les rencontres font que l’on se retrouve aussitôt dans un hôtel sans enseigne extérieure et que nous avons 300m2 pour nous tous seuls ! Comme à la maison quoi ! Après la visite de la maison de Pablo Neruda, nous passons le reste de l’après midi à nous reposer sur la terrasse de l’hôtel avec vue sur la ville et la mer.
A peine réveillés le jour suivant, nous sortons pour visiter cette ville dont on entend tant de choses. Dangereuse, belle, bohème par excellence… Nous verrons par nous même, encore une fois.
Ce qui marque d’abord, ce sont les couleurs des maisons et cette impression d’un amphithéâtre gigantesque et désordonné avec la mer pour scène et les bateaux comme acteurs. C’est avant tout un port qui a marqué les poètes, écrivains et artistes chiliens. Cet héritage artistique est partout. Des graffitis sur les murs aux galeries d’arts qui foisonnent dans la ville et qui donnent l’impression d’un grand musée ou chacun expose son sentiment, son point de vue sur la vie et le monde… Pas un mur n’est épargné ! On adore l’ambiance, bien que plusieurs passants nous arrêtent pour nous avertir que tel endroit est dangereux et qu’il serait imprudent de s’y aventurer.
La famille Chaix, que nous retrouvons le lendemain pour notre dernier jour au Chili (pour le moment), partage notre émerveillement. Les petites sont ravies d’utiliser les funiculaires centenaires (pas seulement les rails…). La ville est belle. La vie aussi. Et nous sommes tristes de quitter le pays le soir même pour l’Argentine.
Cependant, ce n’est que la première partie. Nous y reviendrons le mois prochain si tout va bien, pour visiter le nord et ses étendues sauvages après ces villes qui nous ont vraiment beaucoup plu.
Les premières impressions sud-américaines sont hyper positives. Les gens, le mode de vie, tout nous plait. Ne reste plus qu’à apprendre l’espagnol !
Hasta Luego !

5 commentaires:

  1. Nous allons essayer de vous suivre dans votre périple en zigzag !
    La rencontre des locaux parait plus facile qu'en Asie, mais ne soyez pas imprudents... Photos et commentaires donnent vraiment envie d'aller vous rejoindre. Bonne continuation et plein de bisous
    Hasta luego !

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  2. Des moais... aux quartiers chauds de Valparaiso, ça donne le tournis. Bravo à vous pour nous faire sentir la beauté des paysages... et des hommes (Allende, Neruda...).
    Continuez vos apprentissages de l'espagnol pour nous en faire partager plus encore...
    Bises à vous 2.
    Bruno

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  3. Ben dis-donc!
    Vous ne vous en êtes sans doute pas aperçus, mais, depuis plus de 6 mois, nous vous suivons fidèlement, le nez sur vos traces, et plus souvent émerveillés que lassés!
    A profiter ainsi de vos images et commentaires, piratés sans honte, et sans aucune culpabilité, nous avons presque le sentiment d'une certaine intimité avec vous deux (Anne, qui ne nous a jamais vus, pardon!)
    Aussi, nous nous permettons, en vous souhaitant bonne poursuite de votre périple, de vous demander à continuer de le partager, et nous vous embrassons très amicalement.
    De Loudoueineix, Mado et Jean.

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  4. bon en fait Rémi, tu n'es pas l'auteur de cette jolie maxime! pas grave elle vous convient sans aucun doute!
    je continue à suivre votre périple avec appétit et c'est toujours sans être totalement rassasiée que je termine.Je réserve une place pour la conférence publique de compte rendu!
    bonne route chez les "autres américains", ceux du sud!

    bises à vous 2
    marido

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  5. Saluton à vous deux.

    Et oui, une nouvelle langue apparaît: le FRANSPANGLISH. Pourquoi pas ? et cela pose question.
    Je vois , avec beaucoup de plaisir, que vos rencontres, pleines d'imprévus, vous apportent des infos sur l'histoire récente et surtout sur la vie actuelle des pays, des villes que vous visitez.
    Merci de nous en faire part avec votre optimisme merveilleux.

    Bisous à tous les deux

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