jeudi 27 juin 2013

Cocktail colombien

Le 23 Mai en fin d’après midi, en compagnie d’Anthony, américain rencontré à Leticia, nous posons le pied sur le tarmac de l‘aéroport de Bogota. Nous sommes en Colombie, le pays qui, de loin, fait peur : FARC, trafic de drogue à gogo, violence, corruption… Mais ça, c’est quand on regarde TF1 sans sortir de chez soi.
Comme du Myanmar il y a déjà 6 mois (!!!!!), nous avons eu vent de la beauté et la magie de ce pays devenu très hospitalier après être passé par de très noires périodes dans les 80’s-90’s. Ni une ni deux, nous avions annulé notre avion depuis Lima jusqu’à Mexico City pour pouvoir vérifier nous même.

L’hôtel dans lequel nous nous installons pour quelques nuits est situé en plein cœur de la superbe vieille ville de Bogota. Il est magnifique. Grande maison coloniale avec plusieurs petites cours intérieures, on s’y sent bien. Et lorsqu’en explorant la ville nous entendons des « Bienvenido in Colombia » de la bouche de tous ceux que l’on rencontre, nous comprenons que l’on ne nous a pas menti.
Nous passons donc les journées du 24 et 25 mai à déambuler dans les rues de la ville, du musée de l’or (qui donne la fièvre), au superbe et gratuit musée Botero, le quartier des émeraudes, celui coloré des artistes et la colline qui surplombe la ville. Nous nous sentons en sécurité, même lorsque l’on fini dans un quartier franchement glauque, entassés à 7 dans un taxi avec des amis anglais pour notre dernière soirée. Tout ça pour que, sur le chemin d’un bar dansant, ils puissent goûter la spécialité locale…

Le lendemain, après une heure dans les transports en commun, nous atteignons la station de bus principale de cette ville immense. Nous n’en pouvons plus d’attendre et il faut dire que depuis quelques jours le soleil manque. Quoi de mieux pour y remédier que de nous rendre sur la côte caraïbe, où nous devons retrouver Yohan et Leslie que nous avions rencontré dans les mines de Potosi il y a quelques mois.

Mais hors de question de faire 30h de bus s’il y a des choses à voir en route. Nous voilà donc partis pour passer deux jours à Villa de Lleyva, dans le centre du pays. Les 4 heures de collectivo n’y changent rien, le temps est toujours gris. Cependant, nous arrivons dans le charmant village qui se targue d’être le plus sûr du pays. Tu m’étonnes avec un flic à chaque coin de rue ! Nous visitons le village tranquillement et admirons la campagne environnante.

Puis, le 27 Mai, nous partons encore un peu plus au nord, dans la montagne de San Gil. Anne, à la grande surprise de Rémi, a tenu à faire un stop ici pour y pratiquer le rafting. Ses connaissances en la matière se limitant à notre expérience Thaïlandaise avec sa maman, pas de surprises à ce qu’elle aie les pétoches en attaquant la descente sur la rivière de niveau 3-4 (sur 5). Nous sommes dans LA ville des sports extrêmes en Colombie. Et, après avoir perdu 4 personnes sur 6 (dont le guide) dans les violents rapides, c’est enchantés que nous rentrons nous sécher. Merci Anne !
Le soir même, n’y tenant plus, nous montons dans un bus pour 15h de trajet jusqu’à la ville de Santa Marta, sur la côte ! Enfin !

Nous sommes éberlués en arrivant de nous apercevoir qu’ici aussi il pleut, et pas qu’un peu ! Ok, c’est la saison des pluies mais quand même… La ville est sous les flots et des rivières se sont formées un peu partout. A tel point que les taxis refusent de nous emmener en centre ville.
Après négociations, et après avoir accepté de payer deux fois le prix (bravo la négo), nous arrivons à l’hôtel. Aussitôt, nous vérifions nos mails pour nous apercevoir que Leslie et Yo sont en fait dans le village voisin, de l’autre côté de la colline, où il fait beau ! Ni une ni deux, après des excuses auprès de nos hôtes, nous décampons et filons directement en collectivo jusqu’à Taganga, aux portes du parc Tayrona. Nous y retrouvons nos amis ainsi que Baudoin, avec qui ils voyagent depuis un moment.
S’en suivent deux jours de fêtes entre tarot, jeu de dés et alcool. Il nous fallait bien ça pour notre retour au soleil !

Culpabilisants de ne rien faire, nous partons tous les 4 (Baudoin ayant d’autres projets) à la découverte du parc Tayrona pour les trois jours suivants. Nous marchons le premier jour à travers la jungle, montant et descendant les collines (surtout montant semble-t-il), traversant des cascades dans lesquelles on se rafraichit et  des villages indigènes de la région, croisant sur le chemin toutes sortes d’insectes et même des serpents (pour le plus grand plaisir de Rémi…) et autres grenouilles multicolores. En milieu d’après midi, nous atteignons l’hôtel désert dans lequel nous passons la nuit en hamac et profitons des derniers rayons de soleil pour nous baigner et jouer dans les vagues.
Le lendemain, rebelote. Nous devons rejoindre d’autres plages de rêve mais pour ce faire, une marche à travers la jungle nous attend. Après nous être perdus pendant plus d’une heure, nous commençons l’ascension (encore !!!) d’une colline nous menant aux ruines d’une ancienne cité oubliée. L’arrivée est magique et nous sommes totalement seuls. S’en suivent deux longues heures de descente sur des rochers avec des trous vertigineux partout. Nous atteignons la plage en milieu d’après midi, accueillis par des singes qui nous observent des arbres.

Ni une ni deux, avant quoi que ce soit, nous sautons dans l’eau nous rafraichir. Puis, nous nous installons dans les hamacs du camping pour y passer la nuit. Mais, comme c’est l’anniversaire de Anne le lendemain et puisqu’on a apporter plus d’alcool que d’eau pour ces trois jours (on en a manqué tout le trajet), nous passons la nuit à discuter, jouer et boire comme des trous : c’est pas tous les jours son anniversaire ! Et encore moins sur une plage de rêves en Colombie ! Seul petit bémol dans tout ça, lorsque, tard et éméchés, mais pas assez pour nous tromper, nous retournons à nos hamacs, nous nous apercevons qu’ils sont occupés par des intrus ! Ni une, ni deux, on les vire et on plonge dans un sommeil prooofond.

Nous sommes le 2 Juin et nous nous attendons à passer notre dernière journée tranquillement, en rentrant de plage en plage. C’est bien comme ça que ça débute. Nous nous arrêtons partout, de carte postale en carte postale. Puis, nous atteignons une plage interdite à la baignade. Elle fait un bon kilomètre et il n’y a pas un arbre pour s’abriter du terrible soleil. Puis vient la forêt, puis les rochers, puis à nouveau la plage en plein cagnard. Et c’est, épuisés et transpirants, que nous nous endormons dans le collectivo nous ramenant à Taganga.

La journée du 3 est dédiée au repos. De toute façon, Leslie et Yo ayant été braqués en plein centre du village, nous essayons de sortir le moins possible. Et c’est, en pleine partie de tarot, que débarquent à l’improviste Arnaud et Michel, les deux français qui avaient partagé l’expérience du bateau amazonien avec nous ! Quelle joie et quelle surprise! Le groupe s’agrandit, nous sommes maintenant 6 pour les prochains jours.

Le 4, nous prenons notre courage à deux mains et empruntons à trois, avec Arnaud, le petit sentier isolé (où d’autres braquages ont été déplorés) qui mène à la plage du village. Ayant survécu sans encombres, nous y passons la journée et Anne trouve même le moyen de se faire masser gratuitement pour attirer les clientes potentielles (on n’a pas prit de sous au cas où on se ferait attaquer)!
Le lendemain, après une autre soirée bien arrosée, nous partons vers Minca, village de montagne à une heure de la côte. C’est l’une des régions productrice de café et on peut y faire du tubing dans les rivières (descendre en bouée, quoi) !

Etant 6, nous optons pour une petite maison privée, pas chère, dans un hôtel tenu par des allemands quinquagénaires. Pour une somme modique, nous voilà chez nous, avec un terrain de foot (un vrai, avec des cages, des filets et une herbe tondue parfaitement), une piscine, une table ping-pong, un jeu de fléchettes et des échecs ! Nous pensions y passer une journée mais forcément, quand on vous offre tout ça…

Les 4 jours suivants, nous les passons à jouer. Nous visitons tout de même la plus vieille usine de café du pays, qui nous régale ! Et nous partons tout de même pour un petit tour de tubing sous une pluie torrentielle. Et qui dit pluie, dit montée des eaux ! Nous commençons le tour dans un ruisseau pour finir dans un torrent, des bleus partout à force de nous cogner dans les rochers. Super !
Le 8 Juin, après des adieux à Michel et Arnaud, nous nous mettons en route, à 4, vers Carthagène, ville réputée comme le plus belle ville coloniale d’Amérique du sud. Nous sommes là pour la visiter bien sûr, mais aussi et surtout pour trouver un voilier pour nous emmener au Panama via les Îles San Blas.

C’est ainsi que l’on se retrouve, tous les 4, à passer les 3 jours suivants entre visite de la ville, tournée des banques (nos problèmes de cartes continuent), shopping pour Anne, coiffeur pour Rémi et allés retours vers le port à la recherche de notre bateau.

Ca s’est joué à peu de choses, mais après avoir faillit finalement nous embarquer pour deux mois de mer d’île en île vers le Mexique, nous embarquons finalement plus modestement pour 6 jours vers le Panama sur le deux mats d’Humberto et José, deux supers Colombien.

Les deux premiers jours se passent bien même si Rémi se sent un peu mal le premier soir à cause de la houle et parce que ses lignes de pêche ne mordent pas. En guise de consolation, à 6h du matin (et oui la pêche c’est tôt que ça commence) le deuxième jour, il s’aperçoit que le bateau est suivi par un groupe de dauphins et réveille les feignasses qui dorment encore ! Moment extra !

Extra mais pas aussi extraordinaire que lorsque, le soir même, à 23h, tous au lit, nous sommes réveillés par le capitaine qui nous demande de monter sur le pont et d’enfiler des gilets de sauvetage. Inquiets, nous nous exécutons. Nous assistons alors à un véritable abordage des garde côtes colombiens, qui, dans le noir, sans bruit, s’étaient approchés du bateau avant de pointer leurs énormes projecteurs sur celui-ci. Après avoir fouillé de fond en comble le bateau à la recherche de cocaïne, ils quittent le navire et disparaissent dans la nuit sans lune aussi vite qu’ils étaient arrivés. Une chance qu’ils ne cherchaient pas du cannabis, notre équipage en étant friand et bien équipé !

Au matin du 14 juin, nous apercevons la terre et lâchons l’ancre entre deux petites îles pour nager un peu et passer la journée sur l’une d’elles en compagnie des Kunas, les habitants de l’archipel.
Ce n’est que le lendemain que nous atteignons les îlots de rêve, ceux qui ne comptent qu’une poignée de cocotiers, pas une habitation, du sable blanc et une mer bleue azure. A peine arrivés, Rémi et Baudoin (que nous avons récupéré à Carthagène avant de partir) sautent à l’eau et partent rejoindre des pêcheurs apnéistes qui chassent au harpon. L’eau est belle, la visibilité est bonne. Nous nous aventurons loin du rivage, de l’autre côté des vagues, et ça paye ! Nous voyons un requin et plusieurs poissons balistes, en plus de tous les poissons multicolores.

Les jours suivants, nous voguons d’île en île, de baignade en baignade. Le 15, alors que Rémi discute paisiblement avec Ryan à l’avant du bateau, un canadien un peu fou mais plein de nouveau jeux stupides (comme on les aime) qui partage notre croisière, il aperçoit un, puis 10, puis 20, puis bientôt une centaine de dauphins qui entourent notre bateau ! L’occasion est trop belle. On réduit la voilure (on ralentit) et on saute à l’eau pour nager avec eux, en pleine mer!

Le soir, nous décidons d’aller faire un feu sur la plage et vider quelques bouteilles de rhum local. Ryan, le canadien, particulièrement ivre, se sert de son t-shirt pour essayer d’escalader un cocotier (en vain), il le déchire dans l’affaire, le jette au feu avant de se rendre compte que c’est le seul qu’il lui reste, de le récupérer et de le jeter dans la mer pour l’éteindre. Le tout avant de le remettre comme si de rien n’était. Un peu fou… Peu après (vers 2h), Rémi, Baudoin et José, capitaine délégué pour la soirée, empruntent l’annexe du bateau pour aider deux Kunas, ivres eux aussi, à passer sur l’île d’en face pour rentrer chez eux, ayant été attaqués et s’étant fait voler leur bateau. Opération aussi stupide que risquée, mais quelle aventure !

Bref, rien de spécial, donc, jusqu’au lendemain. Au réveil, Rémi ne se sent pas très bien mais il part tout de même nager, se disant que cela va passer. Mais ça ne passe pas. Et c’est sous la surveillance bien faisante de Anne qu’il achève cette croisière cloué au lit, entre diarrhées, fièvre à 40°C et vomissements. Anne profite d’un petit moment de répit pour prendre masque et tuba et aller plonger sur l’épave d’un gros bateau de pêche échoué à quelques dizaines de mètres du rivage de l’une de ces îles.

Le 18, retour à la réalité du voyage : fini la croisière, le sac sur le dos nous accostons sur les côtes Panaméennes. Heureusement, grâce aux soins de Anne, Rémi va mieux.

Finie l’Amérique du Sud, finie la Colombie. Depuis notre arrivée à Santiago 4 mois plus tôt, tant de choses se sont passées et on en a prit plein les mirettes. De l’île de Pâques et ses Moaïs, Valparaiso et ses artistes, l’Argentine et ses immensités, la rudesse de la Bolivie et la beauté de son Salar, l’Amazonie Péruvienne, la Colombie et son accueil chaleureux…. La vie à 100 à l’heure ! Quelle chance on a ! Et il nous reste un mois et demi pour rejoindre Cancun au Mexique ! Mais pour l’heure, place à un pays qui tenait vraiment à cœur à Rémi. Un pays dans lequel il n’a jamais mit les pieds mais dont il a tant entendu parler et que, étrangement, il aime déjà : le Nicaragua !

4 commentaires:

  1. Wouahou!! Mieux vaut savoir tout ça quand c'est passé!! Bravo pour vos aventures intenses! J'ai hâte d'entendre tout ça de vive voix... Et place à l'Amérique Centrale!
    Bruno

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  2. 29/06/2013 : Joyeux 25 ans Bro :D Et que cela soit fêté dignement au Nicaragua ! Ca te un quart de siecle tout de même !

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  3. Du calme, Papy ne suit plus.
    Tout d'abord, bon anniversaire mon Rémy. Ensuite, vivre à 100 à l'heure c'est sûrement très bien mais j'apprécie que vos péripéties soient du passé, car vous me faites trembler parfois. OUF !!!
    Que d'aventures incroyables! Vos contacts avec les habitants me semblent très sympathiques , même chaleureux. Quelle chance et quel dépaysement !.
    Le rhum , oui ! la santé, le bonheur, la vie c'est encore mieux. Bisous à vous deux.

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  4. Bonjour Rémi, des Pyrénées, où je voyage aussi à mon échelle. Juste pour te dire que je repasse où nous étions allés il y a 8 ans déjà. Tes voyages vont maintenant plus haut plus loin plus fort!
    Guy

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