mercredi 1 mai 2013

De San Pedro la sèche à Uyuni la salée


 Après notre séjour à Salta en Argentine, nous pensions savoir ce qu’était qu’une région aride. Quelle blague. En même temps, idéal pour un premier Avril…
10h de bus pour rejoindre la ville de San Pedro de Atacama au Chili, le tout sans croiser une habitation, à 4000m d’altitude en moyenne.
Fatigués par cette épreuve sous un soleil de plomb et par le manque d’oxygène qui, pour le première fois, se fait vraiment sentir, nous arrivons dans la paisible ville de San Pedro, à la jonction de la Bolivie, de l’Argentine et du Chili, en plein cœur du désert le plus aride du monde.

La bonne nouvelle est que la ville est charmante avec ses maisons en terre, sa population indigène accueillante et, malgré la chaleur, nous ne transpirons pas… Pas d’humidité, pas de transpiration !
Les quelques rues du centre village sont pleines d’agences de tourisme proposant des tours dans la région. Suite à nos déboires financiers argentins mais surtout car on n’est jamais mieux servis que par soi-même, nous ne bookons que l’essentiel : un tour à la « Laguna cejar», une sorte de lac avec une densité de sel plus importante encore que celle de la mer morte, idéal pour se prendre pour Jésus et marcher sur l’eau, et un tour d’astronomie (en français, s’il vous plait !).
Enfin une région où les activités se déroulent le soir ! Tout se fait avec le coucher du soleil, surtout l’astronomie. Rémi est heureux ! A lui les grasses matinées !
Notre programme de visite commence donc dès ce 2 Avril avec la Laguna. Notre agence, bien que la moins cher de la ville, nous dépose en premier à la Lagune et après avoir batifolé dans cette eau dans laquelle nous flottons, nous sommes les derniers à partir, direction le petit Salar local. A l’heure pour quelques photos rigolotes et un coucher du soleil magnifique sur les montagnes autour d’un « Pisco Sour ». Cette première journée s’achève superbement.
Le lendemain, n’ayant rien de prévu, nous partons à pied, sans eau, sans chapeau et sans crème solaire, le tout sous le soleil de midi, pour la « vallée de la mort », à quelques kilomètres du village… Le nom aurait peut être dû nous alerter en y repensant.
Bref, entre la sable, les formations rocheuses et le canyon qui débouche sur le désert, nous sommes certes un peu inquiets mais surtout émerveillés. De plus, en chemin, nous rencontrons Baudouin et sa fille Louise (des belges, les seuls touristes croisés d’ailleurs), qui gentiment, nous proposent de nous conduire dans leur voiture jusqu’à… la « vallée de la lune » !
Le nom est plus romantique mais le paysage, bien qu’aussi beau, est tout aussi lunaire, entre dunes de sable, formation rocheuses blanches et jaunes, mines de sel abandonnées depuis des années…
Nouveau couché de soleil, superbe aussi, mais rien dans le ventre depuis le petit déj (notre balade ne devait pas durer la journée), nous rentrons nous restaurer au village et nous reposer jusqu’au lendemain soir.
Déjà le jeudi 4 Avril. Demain matin à l’aube, nous quittons le Chili en jeep pour 3 jours dans le Salar d’Uyuni, le plus grand du monde. Mais avant, notre tour d’astronomie (nocturne), nous attend.
30 minutes de route depuis la ville, 10 sur une petite piste jusqu’à une propriété sans éclairage au milieu du désert. Nous sommes excités, surtout lorsqu’on s’aperçoit que, sans même un œil dans un des gros télescopes éparpillés sur le terrain, nous voyons déjà plus d’étoiles que nous n’en n’avons jamais vu. Ce n’est pas pour rien qu’est installé à quelques kilomètres de là le plus grand télescope du monde…
Le tour, qui dure 2h, est dirigé par un astronome français hilarant. Entre blagues et informations, il nous apprend les constellations, leurs noms dans les âges et les civilisations. Passionnés et au bord du fou rire, nous buvons ses paroles avant d’observer certaines étoiles, planètes ou amas d’étoiles de plus près grâce à ses télescopes. Autour d’un maté de coca, à la question « pourquoi des gens se sont-ils installés dans une région aussi inhospitalière ? », il nous répond qu’il y a 11000 ans, lorsque les premiers hommes sont arrivés ici, c’était une région luxuriante, avec de l’eau et des arbres partout, un vrai jardin d’Eden. Mais, 1000 ans plus tard, avec la fin de l’ère glacière, tout à changé, mais ils sont restés. Pas de bol !
Des étoiles plein les yeux, nous rentrons nous coucher.
7h du matin, le 5 Avril, nous montons dans le bus qui nous mène à la frontière bolivienne (le poste frontière le plus isolé traversé jusqu’ici) pour y d’être pris en charge par une jeep qui fera la traversée du désert et des montagnes pendant 2 jours avant de passer une journée dans le Salar d’Uyuni. Nous sommes 6, deux allemands, deux jumelles anglaises et nous deux.
La première journée, nous la passons à travers les Andes, à plus de 5000m d’altitude, mais la coca nous aide à supporter sans problème cette épreuve. Pas de route, tout juste des pistes qui se croisent et recroisent à travers ces paysages désertiques. Nous allons de lagunes en lagunes. Et nous finissons la journée par un coucher de soleil sur une lagune multicolore abritant des centaines de flamants roses et quelques troupeaux de lamas, sur le toit de notre jeep avec nos compagnons de voyage. La nuit tombe et l’« hôtel », sans chauffage, au milieu de nul part, nous abrite du vent glacial jusqu’au lendemain.
La journée du 6 ressemble à la précédente. Nous avons tout de même une petite frayeur au matin, lorsque, à 7h, nous nous levons et que nous ne voyons personne… Etonnés, nous restons là à attendre, tous les 6, jusqu’à ce que quelqu’un se lève, nous voie et nous annonce simplement qu’il y a un décalage horaire entre le Chili et la Bolivie… Quels cons ! Nous redescendons cependant en altitude et apercevons enfin nos premiers villages boliviens, nos premiers champs de quinoa, nos premières traces de sel aussi : l’immensité du Salar n’est plus très loin.
Nous arrivons à la nuit au bord de celui-ci et nous dormons dans un hôtel bien particulier : il est en sel. Il est formellement interdit de pisser sur les murs extérieurs sous peine de le faire fondre, ce qui nous fait bien rire. Tôt, nous allons nous coucher.
Très tôt, nous devons nous lever pour LE moment que nous attendons tous : le lever de soleil sur le Salar. Il est 4h30 quand nous quittons l’hôtel. Le spectacle est indescriptiblement beau. Un arc en ciel de couleur sur cette étendue plane à perte de vue, le ciel reflété dans l’eau qui est encore présente dans certaines parties du Salar. Tout cela nous met d’une humeur inhabituellement bonne, au vue de l’heure plutôt matinale.
Vers 8h, après 3h de route sans virage sur l’immense étendue de sel, nous nous arrêtons pour petit déjeuner sur une colline de pierre recouverte de cactus qui jaillît comme un îlot au milieu de cet océan sans eau. C’est un lieu qu’ont fréquenté les incas, comme en attestent les sépultures retrouvées dans des cavités de « l’île ».
Repus et après avoir profité de la vue depuis la plus haute pierre de la colline, nous reprenons notre route vers Uyuni.
C’est finalement vers 13h30 que nous y arrivons. La ville est, selon Anne, la plus sale que nous ayons vu jusqu’alors. Il est vrai qu’entre les hectares de détritus en tout genre et l’immense cimetière de train complètement surréaliste, on peut être un peu décontenancé, surtout après 3 jours de nature totale.
Nous passons l’après midi à attendre le bus qui nous mènera à Potosi, visage pas vraiment glamour de la Bolivie. Ville la plus haute du monde (4060m), elle est surtout connue pour ses terribles mines.

5 commentaires:

  1. Coucou de Paris où il fait froid et humide !...
    Jade est adorable
    Plein de gros bisous
    M&D

    RépondreSupprimer
  2. De retour, il y a quelques heures de Turquie, nous découvrons enfin de vos nouvelles... Magnifique voyage! Tous ces noms, déjà entendus ici ou là font rêver. Bravo et mille fois merci!!
    Ceci dit, je connais un petit village, où l'été, on voit aussi très bien les étoiles...
    Gros, gros bisous à vous deux.
    Bruno

    RépondreSupprimer
  3. Salut Rémi-doux et Anne,

    Nous renrons à peine de Turquie : superbe voyage.

    Nous avons vécu (en miniature !) un peu comme vous, ce qui nous a d'autant plus fait penser à votre formidable expérience !

    Un gros bisou sur chacune de vos 4 joues !

    Emmanuelle

    RépondreSupprimer
  4. Je viens de relire votre dernier texte.
    Que de découvertes!!
    10 heures de bus en plein désert, du sel à perte de vue, même pour construire un hôtel, du Pisco à 30 ou 40°, un cimetière de trains à 4000 m, des mines d'argent où l'homme a montré son inhumanité, et des étoiles ( aussi splendides qu'à Faux...), un lever de soleil exceptionnel, des flamants roses. Je résume et je rêve.

    Merci à vous deux et gros bisous.

    RépondreSupprimer
  5. Bonjour,


    Je m’appelle richard, je suis administrateur erp et je travaille régulièrement avec Maman (je vous épargne Mère Emmanuelle, déjà largement utilisé - rires).
    C’est un peu tard que j’appris l’existence de votre voyage, mais votre sympathique blog m’a vite permis de le rattraper.

    Votre road trip m’a renvoyé à mes propres souvenirs.

    J’ai comme vous traversé l’ex royaume de Siam, de la pointe de Singapore jusqu’à la Thaïlande (en train), le Cambodge et le Vietnam (en bateau et en pick-up). Puis la Chine et finir par ce joyau qu’est le Japon.
    Tout cela en plusieurs voyages de plusieurs semaines sur plusieurs années.

    Mes seuls souvenirs sont en partie dans ma tête puisque pendant longtemps je me suis interdit de photo.
    Cela m’a permis d’apprécier votre beau travail photographique dont je me doute nous ne voyons ici qu’une infime partie.
    Merci beaucoup.

    Je suis aussi connu sous le pseudo de Charlie parcoeur, grand adepte de blogspot (voir loveonthewall.com) et du mouvement street art.
    Vous sachant sur les terres sud américaines, je tiens à vous sensibiliser (en toute modestie) sur l’importance des arts graphiques de rue, grande spécialité sur le continent.
    Les muralistes ont fait la légende du Mexique et d’autre pays alentours, le plus grand étant Diego Rivera.
    Aujourd’hui la rue est pleine de créatifs de talent, parfois de passage à Paris voir sur mon site (Inti Castro, ethos, os gemeos, macay, etc …).
    Si vous croisez leurs travaux prenez des photo.

    D’ailleurs si vous passer vers Mexico il faut vous rendre à la maison bleue (je vous laisse chercher, voir Frida khalo / Diego Rivera).

    Voilà pour aujourd’hui, bonne route.
    loveonthewall@gmail.com

    RépondreSupprimer